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Bio de Bourjoi, suivi de sa démarche créative.

Bourjoi et les deux tours de Hochelaga-Maisonneuve

Bourjoi, artiste profondément ancré dans l’éthos ouvrier du quartier Hochelaga, est né à Tétreaultville, à l’intersection des rues Paul-Pau et Rousseau, en 1950.

À l’âge de dix ans, sa famille a dû déménager à Hochelaga-Maisonneuve, marquant le début de son lien à vie avec cette communauté dynamique et laborieuse.

Au cours de l’été précédant son départ de Tétreaultville, Léopol Bourjoi, né avec un handicap physique et souvent traité en conséquence, a embrassé la conviction que sa voie dans la vie serait de devenir artiste.

Empreinte de la main gauche de Bourjoi que l'artiste qualifie de Trois doigts en +.
Empreinte de la main gauche de Bourjoihttps://bourjoi.com/3-doigts-en-2/.

Lecteur passionné, dès 1966, il s’est engagé dans une démarche autodidacte pour maîtriser les arts, apprenant directement de ses amis dans les usines d’Hochelaga-Maisonneuve, où il a cherché à transformer l’essence de leur travail en expression artistique.

En 1968, Bourjoi a fait ses débuts publics avec une exposition solo, présentant ses premières œuvres. Entre l’âge de 16 et 40 ans, il a participé à plus de 80 expositions, tant individuelles que collectives, produisant un important corpus d’œuvres bidimensionnelles et tridimensionnelles.

Sa pratique artistique dans les années 1980 s’est particulièrement distinguée par la production de sculptures en bronze, culminant avec la création d’une grande murale en bronze intitulée Hommage aux ouvriers de la Vickers, en hommage aux travailleurs du chantier naval Vickers.

Cette pièce monumentale est exposée au siège social de la CSN sur la rue De Lorimier, renforçant son statut d’artiste engagé à honorer le patrimoine industriel de sa communauté.

Murale en Hommage aux ouvriers de la Vickers.https://bourjoi.com/hommage-aux-ouvriers-de-la-vickers/

Ce n’est qu’à l’âge de quarante ans que Bourjoi a formalisé son éducation artistique en s’inscrivant à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) de laquelle il a obtenu un baccalauréat en enseignement des arts, suivi d’une maîtrise en 1996.

Cette même année, accompagné de sa fille Mélanie, il a conçu et animé l’émission de télévision L’Art à Montréal, diffusée sur le canal communautaire 9 de Vidéotron, étendant ainsi son influence au-delà des lieux artistiques traditionnels.

De 2003 à 2015, tout en poursuivant sa production artistique prolifique, Bourjoi s’est également consacré à l’éducation, enseignant diverses matières liées à l’éducation spécialisée en 1e à 3e et aux nouveaux médias aux élèves de 4e et 5e secondaire à l’école Louis-Riel où il a également servi comme enseignant-ressource en robotique poursuivant ainsi son engagement à intégrer l’art aux avancées technologiques et pédagogiques.

En 2015, Bourjoi a dévoilé une sculpture publique monumentale intitulée Pourquoi naître? à la Maison de la culture Maisonneuve, accompagnée d’une série de trois œuvres axées sur des thèmes environnementaux.

En 2018, il a réalisé un autre projet d’art public important, une sculpture monumentale nommée Triptyque du centenaire, créée pour l’usine Lallemand sur la rue Préfontaine, renforçant encore son rôle d’artiste profondément engagé dans l’histoire industrielle de sa communauté locale.

En 2000, incarnant les compétences et l’esprit d’un fils d’ouvrière et d’ouvrier, Bourjoi a construit de ses propres mains son atelier sur la rue de Rouville.

Cet espace est depuis devenu le centre de son exploration artistique continue, accueillant chaque année près de 400 visiteurs venant de divers horizons, continuant ainsi à nourrir un dialogue vibrant entre l’art, le travail et la communauté.

Atelier de Bourjoi, l’Artrium à Hochelaga.
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Cheminement créatif

Dans le vaste panorama de l’histoire de l’art, le parcours de Bourjoi, artiste ouvrier d’Hochelaga, se distingue comme une manifestation exemplaire de ce que l’on pourrait qualifier d’art brut, d’art singulier ou encore d’art outsider.

Ces catégories artistiques, définies par leur spontanéité et une expression personnelle non filtrée, incarnent l’essence même de la démarche créative de Bourjoi.

En tant qu’artiste autodidacte, il a su mettre en avant une créativité et une originalité qui non seulement défient, mais renversent les normes des courants artistiques dominants.

 Son œuvre, profondément enracinée dans une authenticité farouche, s’inscrit dans une tradition artistique qui non seulement valorise, mais aussi élève les voix des marginaux et des autodidactes, libérant leurs créations des contraintes académiques et institutionnelles.

La capacité de Bourjoi à métamorphoser des matériaux industriels, à la fois modestes et lourdement chargés de significations sociales, en objets d’art, témoigne d’un acte puissant de résistance culturelle et d’une réappropriation audacieuse des symboles de la classe ouvrière.

Cette approche de l’art, adoptée par Bourjoi en tant qu’ouvrier, qui utilise les matériaux et les techniques des métiers industriels incarne une forme de réappropriation culturelle dans un contexte artistique.

C’est un geste subversif qui remet en question les hiérarchies culturelles établies, et en repoussant les frontières traditionnelles de ce qui est considéré comme « art », Bourjoi réaffirme avec force la dignité et la valeur intrinsèque de l’expérience ouvrière.

Son travail artistique crée ainsi un dialogue ininterrompu entre le monde de l’art et celui du labeur, intégrant des éléments issus de la vie quotidienne des travailleurs et les sublimant dans le champ artistique.

Ce processus invite le spectateur à reconsidérer les notions de créativité, de valeur et de beauté, tout en contestant les distinctions épistémologiques entre le travail manuel et le travail artistique. En inscrivant sa démarche artistique dans des courants tels que l’art conceptuel, l’art participatif et l’art engagé, Bourjoi aborde des questions essentielles liées au travail, à la classe ouvrière, à l’identité et à l’inclusion.

Il ne se contente pas de refléter une réalité marginalisée, mais contribue activement à un discours artistique plus large qui cherche à redéfinir les cadres de pensée traditionnels.

Bourjoi explore également les racines profondes de la créativité humaine en considérant les vestiges de l’art rupestre, tels que ceux découverts à Lascaux, Altamira ou Chauvet.

En ce sens, il rappelle qu’il y a au moins 30 000 ans, nos ancêtres éprouvaient déjà le besoin irrépressible de s’exprimer à travers des formes artistiques dont nous sommes les héritiers aujourd’hui.

Ce besoin primordial de laisser une trace, de marquer leur existence s’inscrit dans une pulsion fondamentale qui semble intrinsèque à la condition humaine, une pulsion d’être qui transcende le temps et les circonstances.

Imaginons un instant ces ancêtres lointains confrontés à des conditions de vie d’une précarité extrême. Chaque matin, ils se réveillaient dans l’incertitude la plus totale, ne sachant pas s’ils trouveraient de quoi se nourrir ou s’ils finiraient eux-mêmes en proie pour les bêtes sauvages qui peuplaient leur environnement immédiat.

Leurs vies étaient étroitement liées à celles des animaux qui les entouraient, et cette cohabitation forcée leur imposait de développer une connaissance intime des autres espèces, une connaissance essentielle pour leur survie.

Ce savoir se manifestait notamment dans leur capacité à reconnaître et interpréter les traces laissées par les animaux sur le sol, des empreintes discrètes des oiseaux aux marques plus évidentes des grands prédateurs. Pourtant, à un certain moment, ces êtres humains préhistoriques prirent conscience qu’ils possédaient une capacité unique : celle de créer des traces délibérées, des empreintes de leur propre présence, en utilisant des surfaces verticales comme supports d’expression.

Dans un geste à la fois simple et profondément symbolique, ils façonnaient des récipients rudimentaires dans lesquels ils mélangeaient de l’ocre rouge à un fluide qu’ils tenaient ensuite en bouche sans l’ingérer.

Ce contraste entre ce qui devait être consommé pour survivre et ce qui était utilisé pour créer évoque un premier acte de différenciation symbolique de leur humanité.

En pressant leur main contre une paroi rocheuse et en soufflant le mélange coloré sur celle-ci, ils créaient une image en négatif, une ombre de leur propre main, marquant ainsi délibérément leur passage et leur identité.

Cette action, en apparence anodine, symbolise un saut cognitif majeur : alors que tous les autres animaux laissaient des traces involontaires, ces premiers artistes préhistoriques prirent l’initiative de laisser une marque intentionnelle, de se distinguer par une double empreinte — celle de leur corps et celle de leur esprit créatif. Ils affirmaient ainsi leur appartenance à une espèce capable de réflexion et de création, un acte fondateur de l’art tel que nous le concevons.

Nombreux furent ceux qui, au fil des millénaires, choisirent de laisser cette trace indélébile de leur existence, témoignage puissant de cette impulsion originelle qui anime chaque artiste. Ce geste de marquer leur identité humaine à travers l’art est une réponse intemporelle aux défis de l’existence, une déclaration de persévérance et de résilience face à l’adversité.

En définitive, cette capacité à transformer l’expérience humaine en expression artistique, même dans les conditions les plus rudimentaires, souligne que l’art est fondamentalement un acte de devenir humain. En ce sens, l’art est non seulement un reflet de notre existence, mais aussi une exploration des possibilités infinies de la créativité humaine.

La contribution de Bourjoi à l’histoire de l’art et à l’art contemporain est non seulement précieuse, mais essentielle; elle mérite d’être reconnue et célébrée pour sa capacité à défier et à redéfinir les normes établies.

En tant que témoin et acteur de sa propre réalité, l’œuvre de Bourjoi ne se contente pas de refléter une expérience individuelle; elle devient un vecteur de transformation sociale et culturelle.

À travers ses créations, Bourjoi défie les stéréotypes et les attentes, démontrant avec conviction que l’art peut émaner de n’importe quelle condition et que la créativité humaine ne connaît pas de frontières.

C’est cette capacité à réinventer et à redéfinir l’espace artistique qui rend son travail particulièrement pertinent dans le paysage contemporain, un rappel poignant de la force de la résilience et de l’expression humaine, et de la puissance de l’art comme moyen de réinvention et de réaffirmation.

Oeuvre en cours d’élaboration : https://bourjoi.com/picturalite-polymorphe/

Short bio of Bourjoi followed by artistic approach

Bourjoi et les deux tours d'Hochelaga-Maisonneuve.
Bourjoi and Hochelaga-Maisonneuve two towers.

Bourjoi, an artist deeply rooted in the working-class ethos of the Hochelaga neighborhood, was born in Tétreaultville, at the intersection of Paul-Pau and Rousseau streets, in 1950. At the age of ten, his family moved to Hochelaga-Maisonneuve, marking the beginning of his lifelong connection with this vibrant and hardworking community.

Bourjoihttps://bourjoi.com/3-doigts-en-2/ left hand imprint

During the summer before leaving Tétreaultville, Léopol Bourjoi, born with a physical disability and often treated accordingly, embraced the conviction that his path in life would be to become an artist.

A keen reader, he began, in 1966, a self-taught journey to master the arts, learning directly from his friends in the factories of Hochelaga-Maisonneuve, where he sought to transform the essence of their work into artistic expression.

In 1968, Bourjoi made his public debut with a solo exhibition showcasing his early works. Between the ages of 16 and 40, he participated in over 80 exhibitions, both solo and collective, producing a significant body of two-dimensional and three-dimensional works.

Murale en hommage aux ouvriers de la Vickers. Bronze, 1990
Murale en hommage aux ouvriers de la Vickers. Bronze, 1990https://bourjoi.com/hommage-aux-ouvriers-de-la-vickers/

His artistic practice in the 1980s was particularly distinguished by his focus on bronze sculptures, culminating in the creation of a large bronze mural titled Hommage aux ouvriers de la Vickers (Homage to the Workers of Vickers), in tribute to the workers of the Vickers shipyard.

This monumental piece is displayed at the CSN headquarters on De Lorimier Street, reinforcing his status as an artist committed to honoring the industrial heritage of his community.

It wasn’t until the age of forty that Bourjoi formalized his artistic education by enrolling at the Université du Québec à Montréal (UQAM), where he obtained a Bachelor’s degree in Art Education, followed by a Master’s degree in 1996.

That same year, accompanied by his daughter Mélanie, he conceived and hosted the television show L’Art à Montréal, broadcast on Vidéotron’s community channel 9, thus extending his influence beyond traditional artistic venues.

From 2003 to 2015, while continuing his prolific artistic production, Bourjoi also dedicated himself to education, teaching various subjects related to special education in high schoo; grades 1 to 3 and new media to students in grades 4 and 5 at Louis-Riel School, where he also served as a resource teacher in robotics. This reflects his commitment to integrating art with technological and pedagogical advancements.

Pourquoi naître ? Acier Corten, 1995.
Pourquoi naître ? ? Why being born?

In 2015, Bourjoi unveiled a monumental public sculpture titled Pourquoi naître? (Why Be Born?) at the Maison de la culture Maisonneuve, accompanied by a series of three works focused on environmental themes.

In 2018, he completed another significant public art project, a monumental sculpture named Triptyque du centenaire (Centennial Triptych), created for the Lallemand factory on Préfontaine Street, further reinforcing his role as an artist deeply engaged with the industrial history of his local community.

In 2000, embodying the skills and spirit of the son of a working-class family, Bourjoi built his studio on de Rouville Street with his own hands.

Bourjoi studio, l’Artrium in Hochelaga-Maisonneuve.

This space has since become the center of his ongoing artistic exploration, hosting nearly 400 visitors from various backgrounds each year, thus continuing to nurture a vibrant dialogue between art, labor, and community.

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Creative approach

In the vast panorama of art history, the journey of Bourjoi, a working-class artist from Hochelaga, stands out as an exemplary manifestation of what might be called art brut, outsider art, or singular art. These artistic categories, defined by their spontaneity and unfiltered personal expression, embody the very essence of Bourjoi’s creative approach.   

At first a self-taught artist, he has managed to highlight a creativity and originality that not only defy but overturn the norms of dominant artistic movements.

His work, deeply rooted in fierce authenticity, is part of an artistic tradition that not only values but also elevates the voices of outsiders and self-taught individuals, liberating their creations from academic and institutional constraints.

Bourjoi’s ability to transform industrial materials—both modest and heavily laden with social meanings—into objects of art, demonstrates a powerful act of cultural resistance and a bold reclamation of working-class symbols.

This approach to art, adopted by Bourjoi as a worker using the materials and techniques of industrial trades, embodies a form of cultural reclamation in an artistic context.

It is a subversive gesture that challenges established cultural hierarchies, and by pushing the traditional boundaries of what is considered “art,” Bourjoi powerfully reaffirms the dignity and intrinsic value of the working-class experience.

His artistic work thus creates an uninterrupted dialogue between the worlds of art and labor, integrating elements from the daily lives of workers and sublimating them into the artistic field.

This process invites the viewer to reconsider notions of creativity, value, and beauty while challenging the epistemological distinctions between manual labor and artistic work.

By situating his artistic practice within movements such as conceptual art, participatory art, and activist art, Bourjoi addresses essential questions related to labor, the working class, identity, and inclusion.

He does not merely reflect a marginalized reality but actively contributes to a broader artistic discourse that seeks to redefine traditional frameworks of thought.

Bourjoi also explores the deep roots of human creativity by considering the remnants of prehistoric art, such as those discovered at Lascaux, Altamira, or Chauvet.

In this sense, he reminds us that even 30,000 years ago, our ancestors already felt the irrepressible need to express themselves through artistic forms, of which we are the heirs today.

This primordial need to leave a mark, to make their existence known, is part of a fundamental impulse that seems intrinsic to the human condition—a drive to exist that transcends time and circumstances.

Imagine for a moment these distant ancestors faced with extremely precarious living conditions. Each morning, they awoke in total uncertainty, not knowing if they would find something to eat or if they would become prey for the wild beasts that populated their immediate environment.

Their lives were closely tied to those of the animals around them, and this forced cohabitation required them to develop an intimate knowledge of other species, an essential knowledge for their survival.

This knowledge manifested itself notably in their ability to recognize and interpret the traces left by animals on the ground, from the subtle footprints of birds to the more obvious marks of large predators.

Yet, at some point, these prehistoric humans became aware that they possessed a unique ability: the ability to create deliberate marks, imprints of their own presence, using vertical surfaces as a means of expression.

In a gesture both simple and profoundly symbolic, they shaped rudimentary containers in which they mixed red ochre with a fluid they then held in their mouths without ingesting. This contrast between what had to be consumed to survive and what was used to create evokes an initial act of symbolic differentiation of their humanity.

By pressing their hand against a rock wall and blowing the colored mixture onto it, they created a negative image, a shadow of their own hand, thus deliberately marking their passage and identity.

This seemingly simple action symbolizes a major cognitive leap: while all other animals left involuntary traces, these early prehistoric artists took the initiative to leave an intentional mark, to distinguish themselves with a double imprint-one of their body and one of their creative spirit. They thus affirmed their belonging to a species capable of reflection and creation, a foundational act of art as we conceive it.

Many, over the millennia, chose to leave this indelible trace of their existence, a powerful testimony to this original impulse that animates every artist. This gesture of marking their human identity through art is a timeless response to the challenges of existence, a declaration of perseverance and resilience in the face of adversity.

Ultimately, this ability to transform human experience into artistic expression, even under the most rudimentary conditions, underscores that art is fundamentally an act of becoming human. In this sense, art is not only a reflection of our existence but also an exploration of the infinite possibilities of human creativity.

Bourjoi’s contribution to art history and contemporary art is not only valuable but essential; it deserves to be recognized and celebrated for its ability to challenge and redefine established norms. As both witness and actor of his own reality.

Bourjoi’s work does not merely reflect an individual experience; it becomes a vector of social and cultural transformation. Through his creations, Bourjoi defies stereotypes and expectations, demonstrating with conviction that art can emerge from any condition and that human creativity knows no boundaries.

It is this ability to reinvent and redefine the artistic space that makes his work particularly relevant in the contemporary landscape, a poignant reminder of the strength of resilience and human expression, and the power of art as a means of reinvention and reaffirmation.

Actual work in progress : https://bourjoi.com/picturalite-polymorphe/

©2024 Leopol Bourjoi bourjoi.com

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