English version follows below.

Picturalité polymorphe (2024)

« Picturalité polymorphe » s’inscrit profondément dans une longue tradition artistique où le miroir a toujours été un objet de fascination, d’interrogation, et de métaphore complexe.

Depuis les récits mythologiques comme Narcisse jusqu’aux contes modernes tels qu’Alice, en passant par les miroirs magiques des légendes anciennes, le miroir a constamment été utilisé comme un médium privilégié pour explorer non seulement les dimensions psychologiques de l’image, mais aussi les constructions symboliques et philosophiques de la réalité.

Ces œuvres contemporaines s’inscrivent pleinement dans cette tradition, mais avec une démarche renouvelée qui interroge la « picturalité » d’un miroir, c’est-à-dire sa capacité non seulement à refléter la réalité tangible, mais aussi à projeter un univers virtuel, éphémère, changeant, et insaisissable.

En tant qu’objet stigmatique, le miroir, plutôt qu’être porteur d’une picturalité propre, devient le vecteur d’une picturalité polymorphe, une projection qui se module en fonction des conditions extérieures, de l’orientation de l’observateur, et de la lumière ambiante qui l’entoure.

Le miroir, fonctionnant comme l’alter ego de la personne qui s’y reflète, transcende son rôle d’objet passif pour devenir un acteur dynamique dans l’environnement perçu, intégrant l’observateur dans une profondeur spatiale et psychologique inédite.

Chaque interaction avec le miroir modifie non seulement la manière dont il reflète son environnement, mais elle transforme également l’image observée en une composition visuelle en constante évolution.

Cette nature changeante et fluide du miroir en fait un instrument privilégié pour explorer des thématiques centrales telles que l’illusion, la perception altérée, et les réalités multiples.

En inscrivant des gravures sur la surface du verre ou en interagissant avec sa matière réfléchissante, je crée une passerelle entre le monde tangible et l’univers virtuel que le miroir incarne, soulignant ainsi la dualité intrinsèque entre le visible et l’invisible, le réel et le virtuel. Cette interaction redéfinit le miroir comme un espace liminal où se rencontrent le concret et l’abstrait, le vu et l’imaginé. À travers cette démarche, j’ambitionne d’explorer les frontières mouvantes de la perception humaine, tout en questionnant les concepts de vérité, de représentation, et de leur construction.

Cette démarche artistique ne se limite pas à une réflexion introspective, mais s’étend à une critique des enjeux contemporains, notamment ceux liés à l’intelligence artificielle. Comme le miroir, l’intelligence artificielle ne possède pas de conscience propre, mais elle reflète et transforme les données qu’elle reçoit de manière indifférenciée, devenant ainsi un miroir moderne de nos propres perceptions médiatisées.

Ce parallèle avec l’intelligence artificielle met en lumière l’idée que, dans un monde de plus en plus dominé par la technologie, nos perceptions de la réalité sont en perpétuelle transformation et médiation par des entités qui, bien qu’elles soient dépourvues d’intention propre, exercent néanmoins une influence profonde sur notre compréhension du monde.

Ainsi, « Picturalité polymorphe » dépasse la simple exploration artistique des miroirs pour se présenter comme une méditation critique sur la manière dont la réalité elle-même est construite, déconstruite, et reconstruite à travers les prismes technologiques de notre époque indéfiniment actuelle.

DÉMARCHE ARTISTIQUE (1975 – 2024)

Intracube panoptique (1975)

En 1975, l’œuvre « Intracube panoptique » s’inscrivait dans une démarche exploratoire audacieuse visant à expérimenter avec des matériaux optiques, plus précisément des miroirs sans tain dits transparents dotés de la particularité fascinante réfléchissant la lumière incidente d’un côté tout en permettant à la lumière de passer de l’autre côté, créant ainsi une dualité visuelle unique.

L’assemblage méthodique de ces miroirs en forme de cube, avec une sculpture illuminée placée au centre, engendrait une réflexion infinie dans les trois axes cartésiens X, Y, et Z. Cette multiplication des reflets, en créant un effet de réverbération continue, générait une illusion d’espace infini observable de l’extérieur dans toutes ses dimensions.

Cette illusion d’infinité ne se contentait pas d’impressionner visuellement ; elle incarnait une métaphore visuelle puissante de la culture humaine contemporaine, perçue par l’artiste comme une perpétuelle réitération des mêmes schémas et mèmes à travers les générations.

Le cube, en tant qu’objet artistique, devenait ainsi une critique visuelle acerbe de la stagnation culturelle, ouvrant une réflexion profonde sur la nature répétitive de la part déterminante de notre héritage culturel. Chaque reflet capturé dans cette œuvre servait de rappel constant de la manière dont les idées et les motifs culturels se répliquent parfois sans véritable innovation, à travers le temps.

Cette œuvre marquait le début d’une quête artistique portant sur les propriétés des surfaces réfléchissantes. Un intérêt qui allait évoluer au fil des décennies.

Témoignant d’une continuité et d’une maturation de ma pensée conceptuelle, plus récemment, j’ai revisité ce concept de la surface réfléchissante entrevu il y a près de cinquante ans, explorant de nouvelles manières d’interroger et de manipuler ces surfaces pour révéler des couches sous-jacentes de perception et de signification.

Sixième Sens (2019)

En 2019 ayant exploré de multiples surfaces peintes lisses ou texturées, figuratives ou non figuratives, scarifiées même, je suis revenu à la surface réfléchissante, liant sculpture et surface en réalisant l’œuvre intitulée « Sixième Sens » composée d’un ensemble de six miroirs de verre finement gravés. Chacun des miroirs est orné de motifs symbolisant les cinq sens humains, transformant ainsi le miroir en une surface réfléchissante chargée de signification.

Les gravures, habilement situées sur la face externe du verre, se superposent à leur reflet interne, créant une dualité intrigante entre la réalité tangible et sa représentation symbolique. Ce jeu de superposition accentue l’ambiguïté entre l’image directe et sa réinterprétation, enrichissant l’expérience visuelle d’une dimension philosophique.

Les six miroirs sont soigneusement disposés dans un écrin, soulignant l’importance du processus de manipulation et de dévoilement, qui devient un rituel en soi. Chaque miroir est associé à un sens particulier, dévoilé dans un ordre précis, créant un parcours sensoriel progressif : la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat, le toucher, et enfin, le « sixième sens ».

Ce dernier concept symbolise l’intégration de toutes les sensations pour créer une expérience de vie transcendant la simple communion des cinq sens. À travers ce parcours, l’œuvre invite le spectateur à méditer sur la complexité de la perception humaine et sur la manière dont nos sens façonnent notre compréhension du monde.

J’utilise des symboles puissants et évocateurs, tels que l’œil d’Osiris pour la vue, un oiseau pour l’ouïe, une pomme pour le goût, des roses pour l’odorat, et la célèbre main de Dieu et d’Adam de Michel-Ange pour le toucher. Le sixième sens est représenté par le TAU égyptien, symbole de vie et de résurrection, couronnant ainsi le sublime brasillement de la vie.

Ces symboles, choisis avec soin, ne se contentent pas d’illustrer les sens ; ils résonnent avec des significations plus profondes, reliant l’expérience sensorielle à des mythes et des récits universels, enrichissant ainsi l’interaction du spectateur avec l’œuvre.

Solos (2020)

« Solos » constitue une continuation du projet « Sixième Sens », mais avec une approche plus personnalisée. Cette série de miroirs, chacun gravé avec des motifs précis destinés à des individus particuliers, tels que des avocats, des médecins, et autres professionnels, explore la relation complexe entre l’objet d’art et son destinataire.

 Chaque miroir devient ainsi un portrait symbolique, une œuvre unique qui reflète non seulement l’image de son propriétaire, mais aussi une dimension plus profonde de son identité professionnelle ou personnelle. Ce processus de personnalisation transforme chaque miroir en un objet de contemplation intime, où l’identité du propriétaire est inscrite dans le verre même en devenant ainsi une partie intégrante de l’œuvre.

Le projet s’est élargi pour inclure des miroirs de plus grande taille et des formats variés, permettant une exploration plus vaste de la symbolique individuelle à travers la réflexion. Chaque format et chaque gravure sont soigneusement conçus pour correspondre à l’essence de la personne à laquelle le miroir est destiné, rendant chaque œuvre aussi unique que la personne qu’elle reflète.

À travers cette série, le miroir devient non seulement un objet fonctionnel, mais aussi un médium de réflexion intérieure, incitant les spectateurs à se confronter à leur propre image et aux significations symboliques qui en découlent.

Égoportraits réfléchissants (2021)

Par la suite dans « Égoportraits réfléchissants », j’explore la relation dynamique et souvent complexe entre l’œuvre d’art et le spectateur. En gravant des mots ou des symboles au centre des miroirs, j’invite le spectateur à interagir activement avec l’œuvre, à se voir reflété dans un contexte métaphorique qui dépasse la simple matérialité de l’image miroir.

Cette interaction encourage une réflexion personnelle et critique, où le spectateur est amené à se confronter à son propre reflet, tout en étant immergé dans un dialogue symbolique avec l’œuvre.

Certains miroirs sont encadrés de noir et d’argent, des couleurs représentant des valeurs absolues, contrastant avec la nature infiniment variable de l’image reflétée. Ces cadres, en encadrant l’image du spectateur, servent à souligner les contrastes entre les certitudes et les incertitudes, entre le fixe et le mouvant.

La plupart des cadres sont fabriqués à partir de bois recyclé et peint avec des matériaux utilisés dans l’art urbain, créant un lien subtil, mais puissant entre l’art contemporain et l’art de rue. Cette intégration du recyclage et des matériaux urbains dans les œuvres est une réflexion sur la matérialité, la durabilité, et la symbolique de la couleur dans un monde en constante évolution.

Par cette série, l’œuvre ne se contente pas de refléter le spectateur, elle le confronte, le questionne, et le pousse à réfléchir sur sa propre perception de soi et du monde qui l’entoure. Chaque miroir devient un espace de dialogue entre l’individu et l’art, un lieu où les frontières entre le spectateur et l’œuvre d’art sont floues, ouvrant la voie à une expérience esthétique profondément personnelle et introspective.

Picturalité polymorphe (2024)

« Picturalité polymorphe » s’inscrit profondément dans une longue tradition artistique où le miroir a toujours été un objet de fascination, d’interrogation, et de métaphore complexe.

Depuis les récits mythologiques comme Narcisse jusqu’aux contes modernes tels qu’Alice, en passant par les miroirs magiques des légendes anciennes, le miroir a constamment été utilisé comme un médium privilégié pour explorer non seulement les dimensions psychologiques de l’image, mais aussi les constructions symboliques et philosophiques de la réalité.

Ces œuvres contemporaines s’inscrivent pleinement dans cette tradition, mais avec une démarche renouvelée qui interroge la « picturalité » d’un miroir, c’est-à-dire sa capacité non seulement à refléter la réalité tangible, mais aussi à projeter un univers virtuel, éphémère, changeant, et insaisissable.

En tant qu’objet stigmatique, le miroir, plutôt qu’être porteur d’une picturalité propre, devient le vecteur d’une picturalité polymorphe, une projection qui se module en fonction des conditions extérieures, de l’orientation de l’observateur, et de la lumière ambiante qui l’entoure.

Le miroir, fonctionnant comme l’alter ego de la personne qui s’y reflète, transcende son rôle d’objet passif pour devenir un acteur dynamique dans l’environnement perçu, intégrant l’observateur dans une profondeur spatiale et psychologique inédite.

Chaque interaction avec le miroir modifie non seulement la manière dont il reflète son environnement, mais elle transforme également l’image observée en une composition visuelle en constante évolution.

Cette nature changeante et fluide du miroir en fait un instrument privilégié pour explorer des thématiques centrales telles que l’illusion, la perception altérée, et les réalités multiples.

En inscrivant des gravures sur la surface du verre ou en interagissant avec sa matière réfléchissante, je crée une passerelle entre le monde tangible et l’univers virtuel que le miroir incarne, soulignant ainsi la dualité intrinsèque entre le visible et l’invisible, le réel et le virtuel. Cette interaction redéfinit le miroir comme un espace liminal où se rencontrent le concret et l’abstrait, le vu et l’imaginé. À travers cette démarche, j’ambitionne d’explorer les frontières mouvantes de la perception humaine, tout en questionnant les concepts de vérité, de représentation, et de leur construction.

Cette démarche artistique ne se limite pas à une réflexion introspective, mais s’étend à une critique des enjeux contemporains, notamment ceux liés à l’intelligence artificielle. Comme le miroir, l’intelligence artificielle ne possède pas de conscience propre, mais elle reflète et transforme les données qu’elle reçoit de manière indifférenciée, devenant ainsi un miroir moderne de nos propres perceptions médiatisées.

Ce parallèle avec l’intelligence artificielle met en lumière l’idée que, dans un monde de plus en plus dominé par la technologie, nos perceptions de la réalité sont en perpétuelle transformation et médiation par des entités qui, bien qu’elles soient dépourvues d’intention propre, exercent néanmoins une influence profonde sur notre compréhension du monde.

Ainsi, « Picturalité polymorphe » dépasse la simple exploration artistique des miroirs pour se présenter comme une méditation critique sur la manière dont la réalité elle-même est construite, déconstruite, et reconstruite à travers les prismes technologiques de notre époque indéfiniment actuelle.

Bourjoi. 2024

À propos de l’artiste : Biographie et démarche de BOURJOI

English follow


ARTISTIC APPROACH (1975 – 2024)

Intracube Panoptique (1975)

In 1975, the work “Intracube Panoptique” was part of a bold exploratory approach aimed at experimenting with optical materials, specifically one-way mirrors, also known as transparent mirrors. These mirrors have the fascinating property of reflecting a significant portion of the incident light on one side while allowing light to pass through the other side, creating a unique visual duality.

The methodical assembly of these mirrors into a cube, with an illuminated sculpture placed at the center, generated an infinite reflection along the three Cartesian axes X, Y, and Z. This multiplication of reflections, creating a continuous reverberation effect, generated an illusion of infinite space observable from the outside in all its dimensions.
This illusion of infinity was not just visually impressive; it embodied a powerful visual metaphor for contemporary human culture, perceived by the artist as a perpetual reiteration of the same patterns and memes across generations.

The cube, as an artistic object, thus became a sharp visual critique of cultural stagnation, opening a deep reflection on the repetitive nature of the defining aspects of our cultural heritage. Each reflection captured in this work served as a constant reminder of how cultural ideas and motifs sometimes replicate without true innovation over time.
This work marked the beginning of an artistic quest focusing on the properties of reflective surfaces. An interest that would evolve over the decades.

Testifying to the continuity and maturation of my conceptual thinking, I have recently revisited this concept of reflective surfaces first explored nearly fifty years ago, exploring new ways to question and manipulate these surfaces to reveal underlying layers of perception and meaning.

Sixth Sense (2019)

In 2019, after exploring multiple smooth or textured, figurative or non-figurative painted surfaces, even scarred ones, I returned to the reflective surface linking sculpture and surface by creating the work titled “Sixth Sense,” composed of a set of six finely engraved glass mirrors. Each of the mirrors is adorned with motifs symbolizing the five human senses, thus transforming the mirror into a reflective surface imbued with meaning.

The engravings, skillfully located on the outer face of the glass, overlap with their internal reflection, creating an intriguing duality between tangible reality and its symbolic representation.

This layering emphasizes the ambiguity between the direct image and its reinterpretation, enriching the visual experience with a philosophical dimension.

The six mirrors are carefully arranged in a case, highlighting the importance of the process of manipulation and unveiling, which becomes a ritual in itself.

Each mirror is associated with a particular sense, revealed in a specific order, creating a progressive sensory journey: sight, hearing, taste, smell, touch, and finally, the “sixth sense.”

This final concept symbolizes the integration of all sensations to create a life experience that transcends the simple communion of the five senses. Through this journey, the work invites the viewer to meditate on the complexity of human perception and how our senses shape our understanding of the world.

I use powerful and evocative symbols, such as the eye of Osiris for sight, a bird for hearing, an apple for taste, roses for smell, and Michelangelo’s famous hand of God and Adam for touch.

The sixth sense is represented by the Egyptian Tau, a symbol of life and resurrection, thus crowning the sublime brilliance of life.

These carefully chosen symbols do not merely illustrate the senses; they resonate with deeper meanings, linking the sensory experience to universal myths and narratives, thus enriching the viewer’s interaction with the work.

Solos (2020)

“Solos” is a continuation of the “Sixth Sense” project, but with a more personalized approach. This series of mirrors, each engraved with specific motifs intended for particular individuals, such as lawyers, doctors, and other professionals, explores the complex relationship between the art object and its recipient.

Each mirror thus becomes a symbolic portrait, a unique work that reflects not only the image of its owner but also a deeper dimension of their professional or personal identity. This personalization process transforms each mirror into an intimate object of contemplation, where the owner’s identity is inscribed in the very glass, becoming an integral part of the work.

The project has expanded to include larger mirrors and varied formats, allowing for a broader exploration of individual symbolism through the mirror. Each format and each engraving are carefully designed to correspond to the essence of the person to whom the mirror is destined, making each work as unique as the person it reflects.
Through this series, the mirror becomes not only a functional object but also a medium for inner reflection, prompting viewers to confront their own image and the symbolic meanings that emerge from it.

Reflective Self-Portraits (2021)

Subsequently, in “Reflective Self-Portraits,” I explore the dynamic and often complex relationship between the work of art and the viewer. By engraving words or symbols at the center of the mirrors, I invite the viewer to actively interact with the work, to see themselves reflected in a metaphorical context that transcends the mere materiality of the mirror image.

This interaction encourages personal and critical reflection, where the viewer is led to confront their own reflection while being immersed in a symbolic dialogue with the work.

Some mirrors are framed in black and silver, colours representing absolute values, contrasting with the infinitely variable nature of the reflected image. These frames, by framing the viewer’s image, serve to emphasize the contrasts between certainties and uncertainties, between the fixed and the moving.

Most of the frames are made from recycled wood and painted with materials used in urban art, creating a subtle but powerful link between contemporary art and street art. This integration of recycling and urban materials into the works is a reflection of materiality, sustainability, and the symbolism of colour in a constantly evolving world.

Through this series, the work does not merely reflect the viewer; it confronts them, questions them, and pushes them to reflect on their own perception of themselves and the world around them. Each mirror becomes a space for dialogue between the individual and the work of art, a place where the boundaries between the viewer and the artwork are blurred, opening the way to a deeply personal and introspective aesthetic experience.

Polymorphic Pictoriality (2024)

“Polymorphic Pictoriality” is deeply rooted in a long artistic tradition where the mirror has always been an object of fascination, inquiry, and complex metaphor. From mythological tales like Narcissus to modern stories like Alice, and through the magical mirrors of ancient legends, the mirror has consistently been used as a privileged medium to explore not only the psychological dimensions of the image but also the symbolic and philosophical constructions of reality.

These contemporary works are fully embedded in this tradition, but with a renewed approach that interrogates the “pictoriality” of a mirror—that is, its capacity not only to reflect tangible reality but also to project a virtual, ephemeral, changing, and elusive universe. As a stigmatic object, the mirror, rather than possessing its own pictoriality, becomes the vector of a polymorphic pictoriality, a projection that modulates according to external conditions, the observer’s orientation, and the surrounding ambient light.

The mirror, functioning as the alter ego of the person reflected in it, transcends its role as a passive object to become a dynamic actor within the perceived environment, integrating the observer into a previously uncharted spatial and psychological depth. Each interaction with the mirror not only modifies how it reflects its environment but also transforms the observed image into a constantly evolving visual composition. This fluid and ever-changing nature of the mirror makes it a privileged instrument for exploring central themes such as illusion, altered perception, and multiple realities.

By engraving on the glass surface or interacting with its reflective material, I create a bridge between the tangible world and the virtual universe that the mirror embodies, thus highlighting the intrinsic duality between the visible and the invisible, the real and the virtual. This interaction redefines the mirror as a liminal space where the concrete and the abstract, the seen and the imagined, converge. Through this approach, I seek to explore the shifting boundaries of human perception while questioning the concepts of truth, representation, and their construction.

This artistic approach is not limited to introspective reflection but extends to a critique of contemporary issues, particularly those related to artificial intelligence. Like the mirror, artificial intelligence lacks its own consciousness, yet it reflects and transforms the data it receives in an indifferent manner, thus becoming a modern mirror of our own mediated perceptions.

This parallel with artificial intelligence highlights the idea that in a world increasingly dominated by technology, our perceptions of reality are in a state of perpetual transformation and mediation by entities that, while lacking their own intent, nevertheless exert a profound influence on our understanding of the world. Thus, “Polymorphic Pictoriality” transcends mere artistic exploration of mirrors to present itself as a critical meditation on how reality itself is constructed, deconstructed, and reconstructed through the technological prisms of our endlessly current era.

Bourjoi, 2024

About the artist : Short biography and artistic approach of BOURJOI

NOTES :

La picturalité renvoie à la qualité de ce qui est pictural, c’est-à-dire tout ce qui relève de la peinture ou de l’art visuel en général. Cela inclut des éléments comme la composition, les couleurs, la texture, et la manière dont une œuvre peut évoquer des images ou des émotions visuelles.

Polymorphe signifie “qui prend plusieurs formes”. Cela indique la diversité et la multiplicité des apparences ou des formes que quelque chose peut adopter.

Anglais / English follows

Picturality refers to the quality of being pictorial, meaning anything that relates to painting or visual art in general. This includes elements such as composition, colors, texture, and the way in which a work can evoke images or visual emotions.

Polymorphic means “having many forms.” This indicates the diversity and multiplicity of appearances or forms that something can take on.

©2024 Leopol Bourjoi bourjoi.com

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