Miroir BONHEUR Txt

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Égoportraits Réfléchissants

Assemblage artistique de verre miroir interlocuteur, de bois récupéré portant de sublimes gravures peintes d’éblouissantes couleurs propulsés à la manière des graffeurs, la série d’œuvres des « Égoportraits réfléchissants », tisse un fil invisible, diaphane comme une brume primordiale émergeant des origines de l’humanité, entre les fondements psychiques de notre espèce aux sources ataviques essentielles et les manifestations effervescentes de l’art urbain contemporain.

De plus cette trame narrative s’inspire profondément de la vision neuroscientifique actuelle sur la dualité des hémisphères cérébraux qui nous conduit à considérer le cerveau comme divisé en deux moitiés complémentaires : l’une organiquement intuitive et créative, l’autre farouchement logique et structurée, nous immergeant dans un contexte d’industrialisation délirante qui modèle les activités humaines avec une cyclopéenne inexorabilité mécanique. 

Ces surfaces de verre miroir à l’horizon onirique, ornées de mots gravés au cœur de leur surface argentée et iridescente, transcendent la simple fonction de reflet pour devenir des portails introspectifs. 

Ils ne se bornent pas à confronter le spectateur à l’image fugitive de son propre visage, un double s’exposant aux regards se croisant entre quatre yeux, dialoguant intimement avec son reflet qui, sous certains aspects, semble étranger, comme le serait un alter ego distant, imprégné d’une troublante familiarité infusée d’altérité. 

Ce double, ce vis-à-vis stigmatique, n’est pas une copie fidèle ; il est une version réfractée, influencée par les ombres intérieures, venant des mèmes accumulés et des flux poïétiques gestaltiques qui animent l’esprit.

Au centre de cet éclat de verre, devenu miroir, un mot translucide, emblématique de la culture modelant l’humanité de chacun est gravé au centre du visage reflété, se prolongeant jusqu’au point de fuite à l’horizon de la profondeur réfléchissante.

Ce terme, que ce soit BONHEUR, TENDRESSE, VOLUPTÉ, SPLENDEUR ou d’autres amorces psychiques poétiques, agit comme un déclencheur, une étincelle, une interrogation poïétique intime liée à l’édification d’un soi eidétique.

Il n’impose pas une réponse unique ; au contraire, il suscite un déplacement psychique singulier, variant d’un esprit cérébral à l’autre. Un mème auréolé qui se propage et mute, révélant les discrètes et autrement tonitruantes humeurs identitaires.

Le terme BONHEUR, le premier qui nous vient à l’esprit ne peut manquer d’évoquer l’état d’être qui serait le plus désirable en toutes circonstances et qui ne peut hésiter à transformer le reflet en un dialogue intime où le soi familier rencontre son ombre étrangère, un écho élaborant une individualité sans cesse invoquée par les mèmes culturels constituants le consubstantiel être relationnel.

L’encadrement, quant à lui, relie les fresques animales et digitales rupestres de la préhistoire aux graffitis couvrant hardiment les murs des mégapoles modernes.

Ces cadres, fabriqués de manière artisanale à partir de bois recyclé; vestiges de planches, madriers ou poutres abandonnées, portant pour certains les stigmates de l’industrialisation, sont assemblés avec soin, puis gravés profondément à l’aide d’un faisceau laser invisible à l’œil nu, comme le sont d’innombrables agents de notre humanité.

Cette lumière cohérente, malgré son énergie intense, reste imperceptible, comme l’est le sens des mots qui n’acquièrent de réalité culturelle psychique que par leur énergie mentale, ou les couleurs qui ne sont que discrètes longueurs d’onde lumineuses qui n’apparaissent que perçues par l’œil et interprétées par le cerveau de manière singulière. 

Ce qui conduit à l’œuvre d’art, qui, par la signification ineffable qu’elle porte transcende son apparence consumériste d’objet.

            Sur ces cadres, deux phrases signifiantes sont inscrites comme des incantations éternelles: 

« L’Art, le premier art de tous, est l’art de devenir humain » 

De même que,

« L’être humain ne devient Être et humain que lorsque par l’art et la culture il s’imagine ainsi ».

Ces gravures, taillées dans le bois comme des runes millénaires, accompagnent le reflet éphémère du spectateur, ce double pervibrant, fugace, modelé par les caprices de la lumière ou des émotions, prosaïquement engagées sur la voie de la simple et profonde permanence philosophique.

Elles représentent des portails entrebâillés vers l’hémisphère droit, exposant la persistance d’innombrables rêves fluides et insaisissables, des visions holistiques qui s’étendent comme une brume lumineuse jusqu’à l’étroite antichambre de l’hémisphère gauche, aux froides parois rigides de significations étroitement codifiées.

Par la suite, les cadres sont peints à la manière des graffeurs en faisant usage de leurs cannettes de couleur sous pression, conférant à l’œuvre son halo chromatique urbain actuel. 

La peinture ainsi vaporisée imprègne partiellement les gravures, adoucissant leurs contours et créant une texture narrative où les mots gravés creusent délicatement des reliefs tactiles infusés de nuances colorées. 

C’est un écho ancestral qui ayant autrefois adhéré à la surface des parois rocheuses millénaires, devenues au fil du temps long, de vastes canevas de béton armé et d’argile durcie, fusionne passé et présent en une anamnèse symphoniquement visuelle.

Au cœur de cette esthétique, insistante, la couleur joue un rôle pivotal, un élément d’une autre nature que le miroir lui-même s’associant à l’esprit débridé de l’art urbain : elle n’est pas un simple ornement, mais un langage éclatant qui infuse vie et émotion à chaque œuvre, transformant un objet banal en une pièce d’art irrésistiblement vivante. 

Cette couleur, omniprésente sur les cadres, interagit avec le reflet : un jet de turquoise peut adoucir les contours du double étranger, un éclat de jaune illuminer les ombres intérieures, rendant l’expérience sensible, non seulement visuelle, mais profondément émotionnelle, presque tactile.

Afin d’appréhender pleinement cette essence, nous devons remonter aux confins du temps, aux grottes de Lascaux ou de Chauvet, où, il y a plus de 30 000 ans, nos ancêtres chassaient dans l’ombre précaire d’une existence suspendue au fil du rasoir de la survie. 

Il est aisé d’imaginer ces protohumains confrontés à la rudesse impitoyable de la nature se manifestant par les vents glacés, les prédateurs tapis dans l’obscurité ou les famines imprévisibles, projetant de l’ocre rouge, un pigment tellurique, extrait des terres rouges qu’ils mélangeaient à un fluide salivant tenu en bouche comme un secret vital, presque rituel qu’ils propulsaient en le soufflant sur leur main étalée contre les grises parois rocheuses verticales.

Ces surfaces minérales, éternelles et impassibles, se muèrent en supports persistants de la présence humaine sans cesse renouvelée, imprimant à la roche les traces indélébiles des premiers balbutiements d’une identité transcendante devenant collective. 

Ce geste primal, consistant à souffler la couleur pour générer une empreinte négative de la main, une silhouette fantomatique où l’absence devient présence, comme un spectre saisissant la pierre, marqua un saut quantique cognitif, un envol sublime vers les horizons prédestinant l’avènement d’une conscience narrative.

Contrairement aux traces éphémères laissées par les animaux, ces marques involontaires incrustées dans la boue ou la neige, évanescentes comme un souffle d’hiver qui s’efface au soleil, l’action délibérée des premiers artistes affirme l’humain comme démiurge primordial : créateur d’êtres et d’existences, il dépose une signature indélébile, à la fois mantra de son esprit singulier et sceau de son identité idiosyncratique sur le minéral imperturbable, dont semblent toujours témoigner les parois verticales de la cité. 

Ces empreintes, par leur nombre, ne se contentaient pas seulement d’inscrire un acte de survie, comme pour marquer un territoire ou invoquer des esprits protecteurs ; elles étaient une affirmation d’individualités singulières en dialogue avec l’esprit collectif naissant, un premier pas vers l’art comme moyen d’exprimer ce qui nous rend uniques au sein du groupe.

La science contemporaine, avec ses outils d’imagerie cérébrale sophistiqués, comme les « scanners » IRM qui révèlent les flux neuronaux en temps réel, ne laisse plus place au doute : cette pulsion créative est orchestrée par l’hémisphère droit du cerveau, bastion de l’inconscient et réservoir d’une mémoire atavique infinie, infiniment riche en strates oubliées et en sublimes intuitions lui venant de millions d’années d’adaptation exceptionnelle à d’innombrables circonstances et environnements s’offrant à la vie sans mode d’emploi si ce n’est leurs constances d’une génération à l’autre.

Par conséquent cet hémisphère holistique, intuitif et viscéralement connecté à l’environnement superlatif : un cosmos où le corps et l’âme fusionnent en une danse cosmique, en un souffle incandescent qui unit le microcosme individuel au macrocosme universel, propulse l’humanité hors des ténèbres occultes vers l’éclatante symbolisation culturelle. 

L’empreinte rupestre n’est pas un simple artefact archéologique poussiéreux ; elle est une déclaration ontologique, un acte fondateur où la main, extension de l’âme s’incarnant en un être sensible, s’imprime comme un talisman contre l’oubli, reliant l’individu au clan, au territoire et à l’éternité.

Dans ces grottes labyrinthiques, humides et résonnantes d’échos ancestraux, où l’air était chargé d’une humidité terreuse et où les flammes des torches dansaient sur les parois irrégulières, la couleur ocre n’était pas qu’un pigment : elle était un vecteur vital, un sang tellurique qui infusait la pierre d’une vie latente, préfigurant les jaillissements chromatiques qui animeront les toiles et les murs des siècles suivants jusqu’à notre présent. 

Ces mains négatives ne furent pas qu’anonymes ; chacune portait l’empreinte unique d’un chasseur, d’une cueilleuse, d’un cueilleur, d’un rêveur préhistorique, un rappel que l’art naît de l’intuition, de cette moitié du cerveau qui voit le tout avant les parties, qui s’imprègne des connexions invisibles entre l’homme, la nature et le cosmos.

De nos jours, dans un monde saturé d’industrialisation gargantuesque clinquante, où les ombres élancées des usines et des gratte-ciel s’étendent comme des spectres figés sur un paysage de villes mécaniques où les klaxons et les machines résonnent sans raisons évidentes sans relâche, étouffant les sons naturels, les parois verticales ont muté : plus de pierre brute presque organique, mais des murs de béton armé, des façades minérales des cités post-industrielles, devenues à vol d’oiseau autant de cicatrices béantes d’une ère post-organique où la machine, impatiente, dicte le rythme de l’existence quotidienne. 

Les graffeurs, ces héritiers impromptus de nos ancêtres cavernicoles, souvent jeunes, issus des quartiers populaires, armés d’une énergie éperdue, perpétuent ce rituel ancestral sous une forme hybride, technologique et poétique. 

Leur pulsion primordiale, cette essence élémentaire qui distingue l’être en devenir de toute la création inerte, se heurte et s’adapte à un univers préfabriqué, inconsidérément standardisé par les diktats de la production de masse des glorieux presque détritus, des espaces uniformes qui ignorent les particularités locales. 

Au lieu de la bouche, cet organe vivant, pulsatile, chargé de la chaleur organique du souffle humain, imprégné de l’essence même de la vie, ils saisissent des cannettes de peinture en aérosol, ces artefacts industriels pressurisés, médiatisés par la culture consumériste et les publicités omniprésentes, pour taguer leurs signatures distinctives et leurs images iconiques sur ces surfaces inertes, autrement anonymes et indifférentes.

Ces tags ne sont pas du vandalisme gratuit ; ils sont des déclarations d’identité, des affirmations personnelles dans un monde qui tend à nous rendre interchangeables, comme des pièces d’une machine géante dont les contours comme autant de mirages échappent au regard. 

Ce passage du souffle primal à la propulsion mécanisée n’est pas une rupture brutale, mais une métamorphose subtile et fascinante : la couleur, propulsée avec une vigueur renouvelée, devient un chromatisme bigarré, un kaléidoscope de pigments intenses qui sillonnent les âges comme un fil d’Ariane chromatique, reliant les époques en une continuité vibrante, une expression de la liberté d’être tout en diversité sans cesse renouvelée. 

De l’ocre rouge d’argile kaolinite, à l’arc-en-ciel urbain fait à l’image de l’humanité d’innombrables tons de couleurs, qu’ils soient des roses fuchsia passionnés qui évoquent l’énergie de la rue, des turquoises électriques rappelant les néons nocturnes, des jaunes solaires éblouissants comme un soleil urbain, des verts émeraude profonds, symbolisant la nature de nouveau réclamée ou des bleus cobalt intenses conduisant à la profondeur introspective, et tant d’autres teintes qui pulsent comme un cœur palpitant de vie, cette évolution symbolise le franchissement d’une ère organique, fluide et instinctive, vers une réalité endogène, façonnée par l’homme qui, comme le déclarait Protagoras il y a vingt-six siècles dans ses réflexions philosophiques antiques, est devenu la mesure de toutes choses, au ciel comme sur la terre. Comme si le tout de l’univers pouvait se retrouver tout entier au creux d’un seul œil humain.

Ce virage anthropocentrique s’allie aux narrations du logos, ce principe de raison, tissées de discours logiques qui structurent notre pensée, cet outil maître de l’hémisphère gauche autoritairement dominant, littéral et analytique, qui s’est emparé de la parole produite par Broca et Wernicke pour la transformer en écriture structurée, en discours rationnel, en plans et en catégories réductrices de tout. 

Dans ce combat épique entre les « maîtres de vie et d’être », l’hémisphère droit, holistique et gardien des horizons intuitifs, vastes comme des océans primordiaux, où les idées flottent librement comme des nuages, et « l’émissaire » neuronal, le gauche, subordonné en essence, mais s’affirmant avec une arrogance compensatoire, comme un serviteur révolté contre son ombre tutélaire, le monde ne cesse de se fragmenter. 

Les horizons fluides se muent en grilles hiérarchisées, où les fragments de réalité sont catalogués comme des artefacts dans un musée statique, dénué de la pulsation vitale qui animait les grottes préhistoriques ou les murs graffités d’aujourd’hui.

La couleur, dans tout cela, agit comme la main courante d’une passerelle : elle n’est pas que rationnelle ou uniquement instinctive ; elle lie les deux, un mélange qui ravive l’ancien équilibre en perdition. 

C’est précisément cette dualité fondamentale, cette tension entre l’intuition créative et la logique structurante, que l’on peut visualiser comme deux voix intérieures en dialogue constant, que je reproduis, que l’art explore candidement dans mes « Égoportraits réfléchissants », comme le ferait une alchimie des âges et des consciences, fusionnant les époques disparates et les états d’être irradiant d’un éclat de verre bordé de lignine organique drapée d’un intense chromatisme. 

Les cadres de ces réfléchissants miroirs, façonnés dans des matériaux recyclés, qu’ils soient bois de pin robuste et parfumé, d’épinette résineuse aux arômes forestiers, de chêne ancestral aux veines solides comme des racines millénaires, ou de pâle érable, ces humbles vestiges de forêts oubliées et rasées par l’avancée industrielle, je le réitère, sont peints à la manière des maîtres graffeurs : jets vibrants de cannettes de couleur, déployant un spectre chromatique qui forme une pellicule inspirante sur les surfaces texturées avec une liberté sensitive. 

La couleur étant infiniment modulable, on y trouvera ce qui ne peut manquer d’être réitéré, le rose impétueux évoquant la passion viscérale et les couchers de soleil urbains, le turquoise mystique rappelant les abysses intuitifs des rivières enfouies sous la ville, le jaune solaire irradiant une énergie cosmique qui chasse la grisaille du quotidien, l’indigo profond des mystères nocturnes, le magenta enflammé irradiant d’une révolution intérieure, le vert lime audacieux symbolisant la croissance au milieu du chaos et tant d’autres teintes qui infusent le bois d’une vitalité indomptable, transformant chaque cadre en une vivacité sensorielle pour tous subtilement attrayante.

Ces encadrements ne sont surtout pas de simples ornements ; ils sont d’authentiques supports de révélations esthétiques urbaines, des toiles vivantes où l’art de la rue rencontre le geste ancestral, transformant le déchet industriel en relique poétique, et la couleur en un élément narratif qui raconte une histoire étonnante, invitant même le lecteur le moins averti à ressentir ce qui malgré l’inévitable altérité, s’agite en lui comme en chacun de nous avant de comprendre.

            Au centre de cette symphonie chromatique, ciselée au laser avec une précision chirurgicale qui allie la technologie moderne à l’esprit primal actualisé, un outil « high-tech » qui grave comme un ciseau immémorial, s’inscrivent des phrases apparaissant comme des incantations éternelles de l’idéalisme s’exsudant de l’âme humaine, des sémagrammes qui animent l’âme et inscrivent profondément l’essence humaine.

Pour le lecteur novice, ces phrases ne se veulent pas platement abstraites ; elles sont des invitations concrètes : elles invitent à se regarder dans le miroir en se demandant qui, au-delà des apparences superficielles, est vraiment ce regardeur sans gêne, cet autre moi, fouillant le regard avec une si intense curiosité?

Le miroir lui-même émerge comme un espace liminal par excellence, un seuil flottant et ondoyant entre deux mondes antagonistes, où s’affrontent et se réconcilient ces sollicitations primordiales en un ballet dialectique accessible à l’œil nu. 

La signature individuelle, qu’elle soit l’empreinte rupestre, viscérale et tellurique, imprégnée de la terre et du sang, ou le tag graffeur, anarchique et urbain, chargé de l’énergie des nuits citadines, elle ne manque pas, devenu une marque indélébile de l’être, de se transformer en une affirmation ontologique interrogeant l’hégémonie possessive policière de « l’émissaire neuronal » dans notre société industrielle. 

L’entité mécanique, avec ses lignes droites et ses productions en série qui uniformisent tout, dévore allègrement le poétique, dont les « Égoportraits » inversent la translation : ils réhabilitent le flux intuitif, le reliant au logos fragmenté par une médiation chromatique et réfléchissante. 

Le verre, poli, impitoyable dans sa clarté, capture non seulement l’image physique, qu’elle soit sourires, ou traits fatigués par la journée, en amplifiant les strates psychiques, il invite le regardeur à une introspection délicate de poésie où le reflet devient un miroir de l’âme, un écho des dualités internes érigées entre le soi et le moi que nous portons tous.

En reconnaissant qu’il est évident que nous naissons tous au singulier et que nous devons de ce fait en témoigner, en tant que Bourjoi, artiste-ouvrier ancré dans le quartier vibrant d’Hochelaga, ce bastion ouvrier de Montréal, imprégné d’une histoire de luttes sociales et de résilience vitale essentielle, où les murs portent encore les traces des anciennes usines textiles, j’intègre avec une ferveur reconnaissante les techniques de l’art urbain. 

Je m’approprie les symboles d’ouvriers artisans qui transmutent l’industriel en acte d’affirmation culturelle captivante, dont je fais un usage qui m’est depuis longtemps devenu familier.

Les cannettes de peinture, autrefois perçue par les autorités en tant qu’instruments de vandalisme, deviennent des baguettes magiques chromatiques, des cris contre l’uniformité oppressante d’un univers sans nom qui, malgré son apparente diversité, impose une standardisation aliénante. 

Les pièces de bois recyclés, abandonnées sur les chantiers, portant pour certaines les stigmates de l’industrialisation, renaissent sous forme de cadres devenant enceintes de l’œuvre imprégnée de sens humain, sur lesquels est gravé à l’aide d’un intense faisceau de lumière cohérente, qu’est le faisceau laser qui trace des motifs philosophiques comme des tatouages ancestraux, infusés de couleurs racontant des histoires locales : un rouge pour la passion ouvrière, un bleu pour les rêves d’évasion.

La couleur, cet élément pivotal d’égale importance avec le miroir et l’art urbain, n’est pas accessoire : elle est le sang vital de l’œuvre, un prisme qui diffracte la lumière en spectres émotionnels, transformant chaque pièce en une explosion sensorielle qui parle à tous, du collectionneur aguerri au visiteur curieux. 

Croisant de nouveau la couleur, imaginez un cadre turquoise pulsant d’une énergie aquatique, encadrant un miroir où votre reflet danse avec des éclats de rose, ce rose, cette couleur qui n’existe que parce que l’organe qui vous sert surtout à vivre a également appris à le percevoir et à le voir à sa manière en évoquant la tendresse rebelle des amours juvéniles ; ou un jaune solaire qui irradie, fusionnant avec des inscriptions gravées pour propulser l’esprit vers des horizons infinis, loin de la grisaille routinière.

Ces « Égoportraits réfléchissants » ne se contentent pas de refléter le spectateur passif, immobile devant sa propre image. Ils propulsent sa palpitante sensibilité au cœur d’un dialogue avec sa propre mémoire atavique, intemporelle d’où la créativité humaine affirme sans hésitation sa soif de beauté face aux défis du monde moderne.

De la bouche préhistorique, chaude et vitale, imprégnée de l’haleine de la survie et des rituels collectifs à la cannette moderne, froide et pressurisée, produite en chaînes de montages anonymes réappropriées avec audace, le fil conducteur reste intact : la propulsion de la couleur se voit comme un acte de résilience, comme une fleur tenace s’épanouissant à la surface du béton aride des surréalités urbaines, ou comme une main rupestre défiant le temps. 

L’art, dans cette perspective élargie, rééquilibre les hémisphères cérébraux en déséquilibre en aidant à harmoniser notre intuition et notre raison à la discordante socialisation, tout en invitant le contemplateur à renouer avec une perception holistique dans un monde fragmenté par l’analyse rationnelle et l’omniprésence hallucinante des écrans virevoltant chaotiquement. 

Le reflet de soi, entrelacé à l’ombre gravée sur le miroir, transporte l’âme vers un ailleurs indicible, auréolé d’éclats chromatiques qui tissent des voies reliant l’infini atavique à l’ourobos de l’être vital. 

Pour ceux qui craignent le métalangage abstrait, ces œuvres parlent un langage universel : celui des sens, des couleurs qui touchent l’œil, des formes qui interrogent l’esprit sans le submerger.

Ces œuvres, véritables joyaux de découvertes esthétiques, allient l’art actuel à une dimension collector exceptionnelle : chacune est unique, forgée dans un dialogue entre tradition et innovation, entre la pierre préhistorique et le béton contemporain, avec des variations chromatiques qui en font des pièces sur mesure pour l’âme. 

Elles ne se contentent pas du sort de simples objets décoratifs suspendus à un mur ; elles sont des talismans artistiques aux nuances esthétiques, des portails vers une humanité réconciliée, où le possesseur, qu’il soit collectionneur averti dans une galerie prestigieuse ou néophyte passionné dans un appartement d’Hochelaga, le quartier de l’artiste, se sent investi d’une mission incarnant l’art comme essence de l’être, comme un lien tangible avec nos origines et nos aspirations. Une vision de soi devenant un dialogue entre le moi raisonnant et le soi palpitant de vie.

Imaginez-les, ornant un loft urbain ou une galerie d’art aux murs éclatants : leur surface réfléchissante capture les lumières changeantes de la journée ou de la nuit, leurs cadres chromatiques vibrent d’une énergie intarissable qui défie l’ennui, et leurs inscriptions gravées murmurent des vérités éternelles qui inspirent les conversations les plus profondes. 

Qui ne rêverait de posséder un tel artefact ? 

Ces « Égoportraits » sont des œuvres d’exception, des pièces de collection qui transcendent le temps et les cultures, invitant à une possession non pas matérielle, mais spirituelle, un trésor que tout amateur d’art véritable aspire à intégrer à son univers personnel, pour y puiser inspiration et joie au quotidien.

Un miroir qui ne reflète pas seulement votre visage dans sa familiarité la plus intime, mais contribue irrésistiblement à élever votre existence en fusionnant votre reflet à l’histoire millénaire de la création du devenir humain, teinté de couleurs qui évoluent avec la lumière ambiante.

L’art à portée de main. L’art à portée de sens. Une vision d’être et de présence à être qui transcende la durée et la culture, participant à la découverte de nouveaux horizons non pas statiques, mais réfléchissants. 

Dans ce monde de fragments épars, ces miroirs recomposent l’ensemble avec élégance, offrant une symphonie où couleur, urbanité et réflexion s’entrelacent en une harmonie inoubliable, irrésistiblement désirable, accessible à tous les regards et à tous les cœurs.

Pour approfondir cette essence, considérons le rôle central de la poïétique dans ces égoportraits. Le terme poïétique, dérivé du grec poiēsis signifiant « création, production », désigne la réflexion sur le processus de création, particulièrement dans les domaines artistiques et philosophiques.

Comme l’ont exploré Paul Valéry et Gaston Bachelard, elle scrute les mécanismes, intentions et contextes qui mènent à l’œuvre. Dans le cadre des égoportraits réfléchissants, la poïétique devient le cœur battant de l’expérience : elle n’est pas une analyse postérieure, mais une dynamique vivante où le mot gravé au centre du miroir agit comme un mème déclencheur, invitant à une recréation constante de sa part de contribution à l’édification de l’identité.

Richard Dawkins, dans son concept de mèmes introduit en 1976, définit les mèmes comme étant les plus petits composants de la culture humaine, se répliquant et mutant allègrement comme le font les gènes en biologie. 

En ce qui a trait aux termes gravés au cœur des miroirs réfléchissants, comme l’a fait Daniel C. Dennett avant nous, nous étendons cette idée : lorsque les mèmes sont suffisamment nombreux et diversifiés, ce n’est pas l’organe à vivre qui les portent qui pense, c’est la culture humaine qui, par l’entremise des mèmes, pensent en société à travers nous. 

Cela nous ramène à l’hémisphère gauche, siège des aires de Broca (production du langage) et de Wernicke (compréhension), où le langage, vecteur principal des mèmes, forge la pensée essentiellement culturelle, pour ne pas dire simplement artificielle ; un ersatz. Nous dirions, agents de socialisation. Affirmation de l’égo en tant que représentant plénipotentiaire de l’être.

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En ce sens chaque mot gravé, comme BONHEUR ou TENDRESSE, est déjà en soi, dès son origine, un agent de nature poétique, une perception cérébrale manifestant l’invisible, comme le sont, bien sûr, les mouvements de l’air agitant un cerf-volant. 

La poïétique des mèmes réside dans leur agitation : leur sens varie d’un cerveau à l’autre, générant des recréations infinies. 

Dans l’égoportrait, ce processus rend le double reflété étranger : il reflète non un soi fixe, mais un agrégat mouvant de mèmes, recombinés poïétiquement. 

Cette poïétique transcende les hémisphères : si le gauche structure les mèmes via le langage, le droit infuse l’intuition émotionnelle, créant un équilibre holistique. 

Les égoportraits réfléchissants l’illustrent puissamment : le mot central, gravé translucide, superposé au visage, invite à une poïèse cognitive où les mèmes s’animent, transformant le reflet en un portrait significativement fluide. 

Parce qu’il révèle les mutations mémétiques discrètes et saugrenues comme le sont les songes, le double semble étranger; le BONHEUR teinté de mélancolie chez l’un, d’euphorie chez l’autre, souligne que l’identité est une œuvre en perpétuelle recréation.

N’étant pas statiques, les égoportraits réfléchissants adoptent une dynamique poïétique, où la couleur des cadres, le mot gravé et les phrases laser incrustées convergent pour réhabiliter le flux créatif. 

Ils défient l’uniformité industrielle en célébrant la diversité mémétique, invitant chaque spectateur à une individuation continue, où le soi étranger devient par l’art un allié dans sa quête d’humanité. 

Cette expansion intérieure n’est pas une simple accumulation de mèmes ; elle est une dimension psychique profonde, une efflorescence de l’être qui se déploie comme une floraison intime, où les strates inconscientes émergent pour enrichir la conscience éveillée.

Imaginez ce processus comme une respiration cosmique : le mot central, tel un mantra visuel, déclenche un mouvement psychique qui dilate les frontières du moi, révélant des couches sous-jacentes du soi siège d’émotions, de souvenirs et d’intuitions qui transcendent le rationnellement fragmenté. 

Le double reflété, initialement perçu comme étranger, se mue en un guide intérieur, amplifiant cette présence à être devenant une plénitude existentielle où l’individu qui en prend le temps en s’y arrêtant se sent pleinement ancré dans son essence, connecté à un soi intérieur aspirant à l’universel. 

Cette dimension psychique, nourrie par la poïétique, transforme l’expérience en une thérapie visuelle subtile : le spectateur, face à son reflet altéré par le mot gravé, comme le regard de narcisse le fut lorsqu’il vit son visage altéré par les reflets ondulatoires de l’eau, explore les abysses de son psychisme, confrontant les ombres pour embrasser une authenticité renouvelée. 

Ici, l’art n’est plus extérieur ; il devient un catalyseur d’expansion où la présence à être s’étend comme une onde, reliant le macrocosme de l’âme au microcosme culturel, et où chaque regard dans le miroir est une renaissance psychique, un pas vers une humanité plus intégrée et vibrante. 

Ces « Égoportraits » sont des œuvres d’exception, des pièces de collection qui transcendent le temps et les cultures, invitant à une possession non pas matérielle, mais spirituelle, un trésor que tout amateur d’humanité ciselé d’art aspire à intégrer à son univers personnel, pour y puiser inspiration et joie au quotidien.

Bandeau WEB 1

Reflective Egoportraits

Artistic assembly of interlocutory mirror glass, recovered wood bearing sublime painted engravings in dazzling colors propelled in the manner of graffiti artists, the series of works « Reflective Egoportraits » weaves an invisible thread, diaphanous like a primordial mist emerging from the origins of humanity, between the psychic foundations of our species at the essential atavistic sources and the effervescent manifestations of contemporary urban art. 

Moreover, this narrative weave is deeply inspired by the current neuroscientific vision of the duality of the cerebral hemispheres, which leads us to consider the brain as divided into two complementary halves: one organically intuitive and creative, the other fiercely logical and structured, immersing us in a context of delirious industrialization that shapes human activities with a cyclopean mechanical inexorability. 

These dreamlike horizon glass mirror surfaces, adorned with words engraved at the heart of their silvered and iridescent surface, transcend the simple function of reflection to become introspective portals. 

They do not limit themselves to confronting the spectator with the fleeting image of their own face, a double exposing itself to crossing gazes between four eyes, intimately dialoguing with its reflection which, in some aspects, seems foreign, like a distant alter ego imbued with a troubling familiarity infused with otherness. 

This double, this stigmatic vis-à-vis, is not a faithful copy; it is a refracted version, influenced by interior shadows, coming from accumulated memes and gestaltic poietic flows that animate the mind. 

At the center of this burst of glass, become mirror, a translucent word, emblematic of the culture shaping each person’s humanity, is engraved at the center of the reflected face, extending to the vanishing point at the horizon of reflective depth. 

This term, whether HAPPINESS, TENDERNESS, VOLUPTUOUSNESS, SPLENDOR or other poetic psychic prompts, acts as a trigger, a spark, an intimate poietic interrogation linked to the edification of an eidetic self. 

It does not impose a unique response; on the contrary, it elicits a singular psychic shift, varying from one cerebral mind to another. 

An aureoled meme that propagates and mutates, revealing the discrete and otherwise thunderous identitary humors.

The term HAPPINESS, the first that comes to mind, cannot fail to evoke the state of being that would be most desirable in all circumstances and which does not hesitate to transform the reflection into an intimate dialogue where the familiar self meets its foreign shadow, an echo elaborating an individuality ceaselessly invoked by the cultural memes constituting the consubstantial relational being. 

The framing, for its part, links the animal and digital rupestrian frescoes of prehistory to the graffiti boldly covering the walls of modern megacities. 

These frames, handmade from recycled wood, remnants of planks, beams, or abandoned posts, some bearing the stigmata of industrialization, are carefully assembled, then deeply engraved using an invisible laser beam to the naked eye, like the countless agents of our humanity. 

This coherent light, despite its intense energy, remains imperceptible, like the meaning of words that acquire psychic cultural reality only through their mental energy, or colors that are merely discrete luminous wavelengths that appear only when perceived by the eye and interpreted by the brain in a singular way. 

This leads to the work of art, which, through the ineffable meaning it bears, transcends its consumerist appearance as an object. On these frames, two meaningful phrases are inscribed like eternal incantations: 

« The Art, the first art of all, is the art of becoming human » 

As well as, 

« The human being becomes Being and human only when, through art and culture, he imagines himself thus. » 

These engravings, carved into the wood like millennial runes, accompany the ephemeral reflection of the spectator, this pervibrant, fleeting double, shaped by the whims of light or emotions, prosaically engaged on the path of simple and profound philosophical permanence. 

They represent half-open portals to the right hemisphere, exposing the persistence of countless fluid and elusive dreams, holistic visions that extend like a luminous mist to the narrow antechamber of the left hemisphere, with its cold rigid walls of narrowly codified meanings. 

Subsequently, the frames are painted in the manner of graffiti artists using their pressurized color cans, conferring on the work its current urban chromatic halo. The paint thus vaporized partially impregnates the engravings, softening their contours and creating a narrative texture where the engraved words delicately carve tactile reliefs infused with colored nuances. 

It is an ancestral echo that once adhered to the surface of millennial rocky walls, becoming over the long time vast canvases of reinforced concrete and hardened clay, fusing past and present in a symphonically visual anamnesis. 

At the heart of this insistent aesthetic, color plays a pivotal role, an element of another nature than the mirror itself associating with the unbridled spirit of urban art: it is not a mere ornament, but a brilliant language that infuses life and emotion into each work, transforming a banal object into an irresistibly living piece of art. 

This color, omnipresent on the frames, interacts with the reflection: a turquoise jet can soften the contours of the foreign double, a yellow burst can illuminate interior shadows, making the experience sensory, not only visual, but deeply emotional, almost tactile. 

To fully grasp this essence, we must go back to the confines of time, to the caves of Lascaux or Chauvet, where, more than 30,000 years ago, our ancestors hunted in the precarious shadow of an existence suspended on the razor’s edge of survival. It is easy to imagine these protohumans confronted with the merciless harshness of nature manifesting as icy winds, predators lurking in the darkness, or unpredictable famines, projecting red ochre, a telluric pigment extracted from red earths that they mixed with a salivary fluid held in the mouth like a vital secret, almost ritual, which they propelled by blowing it onto their hand spread against the gray vertical rocky walls. 

These mineral surfaces, eternal and impassive, turned into persistent supports of ceaselessly renewed human presence, imprinting on the rock the indelible traces of the first stammerings of a transcendent identity becoming collective. 

This primal gesture, consisting of blowing color to generate a negative imprint of the hand, a ghostly silhouette where absence becomes presence, like a specter seizing the stone, marked a quantum cognitive leap, a sublime flight toward horizons predestining the advent of narrative consciousness. 

Unlike the ephemeral traces left by animals, these involuntary marks incised in mud or snow, evanescent like a winter breath that fades in the sun, the deliberate action of the first artists affirms the human as primordial demiurge: creator of beings and existences, he deposits an indelible signature, both mantra of his singular mind and seal of his idiosyncratic identity on the imperturbable mineral, which the vertical walls of the city seem to always bear witness to. 

These imprints, by their number, did not merely inscribe an act of survival, as if to mark territory or invoke protective spirits; they were an affirmation of singular individualities in dialogue with the emerging collective spirit, a first step toward art as a means of expressing what makes us unique within the group. Contemporary science, with its sophisticated brain imaging tools, like MRI « scanners » that reveal neural flows in real time, leaves no room for doubt: this creative impulse is orchestrated by the right hemisphere of the brain, bastion of the unconscious and reservoir of an infinitely atavistic memory, infinitely rich in forgotten strata and sublime intuitions coming from millions of years of exceptional adaptation to countless circumstances and environments offered to life without instructions except for their consistencies from one generation to the next.

Consequently, this holistic, intuitive hemisphere, viscerally connected to the superlative environment: a cosmos where body and soul fuse in a cosmic dance, in an incandescent breath that unites the individual microcosm to the universal macrocosm, propels humanity out of occult darkness toward brilliant cultural symbolization. 

The rupestrian imprint is not a mere dusty archaeological artifact; it is an ontological declaration, a founding act where the hand, extension of the soul incarnating in a sensitive being, imprints itself like a talisman against oblivion, linking the individual to the clan, to the territory, and to eternity. 

In these labyrinthine caves, humid and resonant with ancestral echoes, where the air was charged with earthy humidity and where torch flames danced on irregular walls, the ochre color was not just a pigment: it was a vital vector, a telluric blood that infused the stone with latent life, prefiguring the chromatic bursts that would animate canvases and walls of subsequent centuries up to our present. 

These negative hands were not anonymous; each bore the unique imprint of a hunter, a gatherer, a prehistoric dreamer, a reminder that art is born from intuition, from that half of the brain that sees the whole before the parts, that absorbs the invisible connections between man, nature, and cosmos. 

Today, in a world saturated with gargantuan flashy industrialization, where the elongated shadows of factories and skyscrapers extend like frozen specters over a landscape of mechanical cities where horns and machines resonate without evident reason relentlessly, stifling natural sounds, the vertical walls have mutated: no more raw, almost organic stone, but reinforced concrete walls, mineral facades of post-industrial cities, becoming from a bird’s-eye view so many gaping scars of a post-organic era where the machine, impatient, dictates the rhythm of daily existence. 

The graffiti artists, these impromptu heirs of our cave-dwelling ancestors, often young, from popular neighborhoods, armed with frantic energy, perpetuate this ancestral ritual in a hybrid, technological and poetic form. 

Their primordial impulse, this elementary essence that distinguishes the being in becoming from all inert creation, clashes and adapts to a prefabricated universe, inconsiderately standardized by the diktats of mass production of glorious near-detritus, uniform spaces that ignore local particularities. 

Instead of the mouth, this living, pulsating organ charged with the organic warmth of human breath, imbued with the very essence of life, they seize aerosol paint cans, these pressurized industrial artifacts, mediated by consumer culture and omnipresent advertising, to tag their distinctive signatures and iconic images on these inert surfaces, otherwise anonymous and indifferent. 

These tags are not gratuitous vandalism; they are declarations of identity, personal affirmations in a world that tends to make us interchangeable, like parts of a giant machine whose contours, like so many mirages, escape the gaze. 

This passage from primal breath to mechanized propulsion is not a brutal rupture, but a subtle and fascinating metamorphosis: color, propelled with renewed vigor, becomes a variegated chromatism, a kaleidoscope of intense pigments that traverse the ages like a chromatic Ariadne’s thread, linking epochs in a vibrant continuity, an expression of the freedom to be in ceaselessly renewed diversity. 

From the red ochre of kaolinite clay to the urban rainbow made in the image of humanity’s innumerable shades of color, whether passionate fuchsia pinks evoking the energy of the street, electric turquoises recalling nocturnal neons, dazzling solar yellows like an urban sun, deep emerald greens symbolizing nature reclaimed anew, or intense cobalt blues leading to introspective depth, and so many other hues that pulse like a beating heart of life, this evolution symbolizes the crossing from an organic, fluid, and instinctive era to an endogenous reality, shaped by man who, as Protagoras declared twenty-six centuries ago in his ancient philosophical reflections, has become the measure of all things, in the sky as on earth. As if the whole of the universe could be found entirely in the hollow of a single human eye. 

This anthropocentric turn allies with the narrations of the logos, this principle of reason, woven from logical discourses that structure our thought, this master tool of the left hemisphere authoritatively dominant, literal and analytical, which has seized the speech produced by Broca and Wernicke to transform it into structured writing, rational discourse, plans, and reductive categories of everything. 

In this epic battle between the « masters of life and being, » the right hemisphere, holistic and guardian of vast intuitive horizons like primordial oceans, where ideas float freely like clouds, and the neuronal « emissary, » the left, subordinate in essence but asserting itself with compensatory arrogance, like a rebellious servant against its tutelary shadow, the world ceaselessly fragments. 

Fluid horizons turn into hierarchical grids, where fragments of reality are cataloged like artifacts in a static museum, devoid of the vital pulsation that animated prehistoric caves or today’s graffitied walls. 

Color, in all this, acts as the handrail of a bridge: it is not merely rational or solely instinctive; it links the two, a mixture that revives the lost ancient balance. It is precisely this fundamental duality, this tension between creative intuition and structuring logic, that one can visualize as two inner voices in constant dialogue, that I reproduce, that art candidly explores in my « Reflective Egoportraits, » like an alchemy of ages and consciousnesses, fusing disparate epochs and states of being radiating from a burst of glass bordered by organic lignin draped in intense chromatism. 

The frames of these reflective mirrors, shaped from recycled materials, whether robust and fragrant pine wood, resinous spruce with forest aromas, ancestral oak with veins as solid as millennial roots, or pale maple, these humble remnants of forgotten and razed forests by industrial advance, I reiterate, are painted in the manner of master graffiti artists: vibrant jets from color cans, deploying a chromatic spectrum that forms an inspiring film on textured surfaces with sensitive freedom. 

Color being infinitely modulable, one will find there what cannot fail to be reiterated, the impetuous pink evoking visceral passion and urban sunsets, the mystical turquoise recalling the intuitive abysses of rivers buried under the city, the solar yellow radiating cosmic energy that chases away daily grayness, the deep indigo of nocturnal mysteries, the flaming magenta radiating an inner revolution, the bold lime green symbolizing growth amid chaos, and so many other shades that infuse the wood with indomitable vitality, transforming each frame into a subtly attractive sensory liveliness for all. 

These framings are above all not mere ornaments; they are authentic supports of urban aesthetic revelations, living canvases where street art meets the ancestral gesture, transforming industrial waste into poetic relic, and color into a narrative element that tells an astonishing story, inviting even the least initiated reader to feel what, despite the inevitable otherness, stirs in him as in each of us before understanding. At the center of this chromatic symphony, chiseled with laser precision that allies modern technology to the actualized primal spirit, a « high-tech » tool that engraves like an immemorial chisel, phrases are inscribed appearing like eternal incantations of idealism exuding from the human soul, semagrams that animate the soul and deeply inscribe human essence. 

For the novice reader, these phrases do not aim to be flatly abstract; they are concrete invitations: they invite one to look in the mirror asking who, beyond superficial appearances, is really this unembarrassed gazer, this other self, probing the gaze with such intense curiosity? 

The mirror itself emerges as a liminal space par excellence, a floating and undulating threshold between two antagonistic worlds, where these primordial solicitations clash and reconcile in a dialectical ballet accessible to the naked eye. 

The individual signature, whether the rupestrian imprint, visceral and telluric, imbued with earth and blood, or the graffiti tag, anarchic and urban, charged with the energy of city nights, does not fail, becoming an indelible mark of being, to transform into an ontological affirmation questioning the possessive police hegemony of « the neuronal emissary » in our industrial society. 

The mechanical entity, with its straight lines and serial productions that uniformize everything, merrily devours the poetic, which the « Egoportraits » invert the translation: they rehabilitate the intuitive flow, linking it to the fragmented logos through chromatic and reflective mediation. 

The glass, polished, implacable in its clarity, captures not only the physical image, whether smiles or features tired by the day, by amplifying psychic strata, it invites the gazer to a delicate poetic introspection where the reflection becomes a mirror of the soul, an echo of internal dualities erected between the self and the me that we all carry. 

Recognizing that it is evident that we are all born singular and that we must therefore bear witness to it, as Bourjoi, worker-artist anchored in the vibrant Hochelaga neighborhood, this working-class bastion of Montreal, imbued with a history of social struggles and essential vital resilience, where the walls still bear the traces of old textile factories, I integrate with grateful fervor the techniques of urban art. 

I appropriate the symbols of worker artisans who transmute the industrial into a captivating cultural affirmation act, which I have long made familiar use of. The paint cans, once perceived by authorities as instruments of vandalism, become chromatic magic wands, cries against the oppressive uniformity of a nameless universe that, despite its apparent diversity, imposes alienating standardization. 

The pieces of recycled wood, abandoned on construction sites, some bearing the stigmata of industrialization, are reborn as frames becoming enclosures of the work imbued with human meaning, on which is engraved with an intense coherent light beam, which is the laser beam that traces philosophical motifs like ancestral tattoos, infused with colors telling local stories: a red for worker passion, a blue for dreams of escape. 

Color, this pivotal element of equal importance with the mirror and urban art, is not accessory: it is the vital blood of the work, a prism that diffracts light into emotional spectra, transforming each piece into a sensory explosion that speaks to all, from the seasoned collector to the curious visitor. 

Crossing color again, imagine a turquoise frame pulsing with aquatic energy, framing a mirror where your reflection dances with bursts of pink, this pink, this color that exists only because the organ that serves you most to live has also learned to perceive it and see it in its way, evoking the rebellious tenderness of youthful loves; or a solar yellow that radiates, fusing with engraved inscriptions to propel the mind toward infinite horizons, far from routine grayness. 

These « Reflective Egoportraits » do not content themselves with reflecting the passive spectator, immobile before their own image. They propel their throbbing sensitivity to the heart of a dialogue with their own atavistic, timeless memory from which human creativity affirms without hesitation its thirst for beauty in the face of modern world challenges. 

From the prehistoric mouth, warm and vital, imbued with the breath of survival and collective rituals to the modern can, cold and pressurized, produced in anonymous assembly lines reappropriated with audacity, the guiding thread remains intact: the propulsion of color is seen as an act of resilience, like a tenacious flower blooming on the arid concrete surface of urban surrealities, or like a rupestrian hand defying time. 

Art, in this broadened perspective, rebalances the unbalanced cerebral hemispheres by helping to harmonize our intuition and reason to discordant socialization, while inviting the contemplator to reconnect with holistic perception in a world fragmented by rational analysis and the hallucinatory omnipresence of chaotically swirling screens. 

The self-reflection, intertwined with the shadow engraved on the mirror, transports the soul to an unspeakable elsewhere, aureoled with chromatic bursts that weave paths linking the infinite atavistic to the vital being’s ouroboros. 

For those who fear abstract metalanguage, these works speak a universal language: that of the senses, colors that touch the eye, forms that interrogate the mind without overwhelming it. 

These works, true jewels of aesthetic discoveries, ally current art with an exceptional collector dimension: each is unique, forged in a dialogue between tradition and innovation, between prehistoric stone and contemporary concrete, with chromatic variations that make them custom pieces for the soul. 

They do not settle for the fate of simple decorative objects hanging on a wall; they are artistic talismans with aesthetic nuances, portals to a reconciled humanity, where the owner, whether a seasoned collector in a prestigious gallery or a passionate novice in a Hochelaga apartment, the artist’s neighborhood, feels invested with a mission embodying art as the essence of being, as a tangible link with our origins and aspirations. 

A vision of self becoming a dialogue between the reasoning me and the throbbing self of life. Imagine them adorning an urban loft or an art gallery with brilliant walls: their reflective surface captures the changing lights of day or night, their chromatic frames vibrate with inexhaustible energy that defies boredom, and their engraved inscriptions whisper eternal truths that inspire the deepest conversations. 

Who would not dream of owning such an artifact? These « Egoportraits » are exceptional works, collector’s pieces that transcend time and cultures, inviting possession not material, but spiritual, a treasure that every true art lover aspires to integrate into their personal universe, to draw inspiration and joy from it daily. 

A mirror that reflects not only your face in its most intimate familiarity, but irresistibly contributes to elevating your existence by fusing your reflection with the millennial history of the creation of human becoming, tinted with colors that evolve with ambient light. 

Art within reach of hand. Art within reach of senses. A vision of being and presence to being that transcends duration and culture, participating in the discovery of new horizons not static, but reflective. In this world of scattered fragments, these mirrors recompose the whole with elegance, offering a symphony where color, urbanity, and reflection intertwine in an unforgettable harmony, irresistibly desirable, accessible to all gazes and all hearts. 

To deepen this essence, let us consider the central role of the poietic in these egoportraits. The term poietic, derived from the Greek poiēsis meaning « creation, production, » designates reflection on the creative process, particularly in artistic and philosophical domains. 

As explored by Paul Valéry and Gaston Bachelard, it scrutinizes the mechanisms, intentions, and contexts that lead to the work. In the context of reflective egoportraits, the poietic becomes the beating heart of the experience: it is not a posterior analysis, but a living dynamic where the word engraved at the center of the mirror acts as a triggering meme, inviting constant recreation of one’s contribution to the edification of identity.

Richard Dawkins, in his concept of memes introduced in 1976, defines memes as the smallest components of human culture, replicating and mutating cheerfully like genes in biology. Regarding the terms engraved at the heart of the reflective mirrors, as Daniel C. Dennett did before us, we extend this idea: when memes are sufficiently numerous and diversified, it is not the living organ that carries them that thinks, it is human culture that, through memes, thinks in society through us. 

This brings us back to the left hemisphere, seat of Broca’s areas (language production) and Wernicke (comprehension), where language, the main vector of memes, forges essentially cultural thought, not to say simply artificial; a ersatz. 

We would say, agents of socialization. Affirmation of the ego as plenipotentiary representative of being. In this sense, each engraved word, like HAPPINESS or TENDERNESS, is already in itself, from its origin, an agent of poetic nature, a cerebral perception manifesting the invisible, like the movements of air agitating a kite, of course.

The poietic of memes lies in their agitation: their meaning varies from one brain to another, generating infinite recreations. 

In the egoportrait, this process renders the reflected double foreign: it reflects not a fixed self, but a moving aggregate of memes, poetically recombined. This poietic transcends the hemispheres: if the left structures memes via language, the right infuses emotional intuition, creating holistic balance. The reflective egoportraits powerfully illustrate it: the central word, engraved translucent, superimposed on the face, invites a cognitive poiesis where memes animate, transforming the reflection into a significantly fluid portrait. 

Because it reveals discrete and whimsical memetic mutations like dreams, the double seems foreign; HAPPINESS tinted with melancholy in one, with euphoria in another, underscores that identity is a work in perpetual recreation. Not being static, the reflective egoportraits adopt a poietic dynamic, where the color of the frames, the engraved word, and the laser-incised phrases converge to rehabilitate the creative flow. 

They defy industrial uniformity by celebrating memetic diversity, inviting each spectator to continuous individuation, where the foreign self becomes, through art, an ally in the quest for humanity. 

This inner expansion is not a mere accumulation of memes; it is a deep psychic dimension, an efflorescence of being that unfolds like an intimate blossoming, where unconscious strata emerge to enrich awakened consciousness. 

Imagine this process as a cosmic breath: the central word, like a visual mantra, triggers a psychic movement that dilates the boundaries of the me, revealing underlying layers of the self seat of emotions, memories, and intuitions that transcend the rationally fragmented. 

The reflected double, initially perceived as foreign, turns into an inner guide, amplifying this presence to being becoming an existential plenitude where the individual who takes the time to pause there feels fully anchored in their essence, connected to an inner self aspiring to the universal. 

This psychic dimension, nourished by the poietic, transforms the experience into a subtle visual therapy: the spectator, facing their reflection altered by the engraved word, like Narcissus’s gaze was when he saw his face altered by the water’s undulating reflections, explores the abysses of their psyche, confronting shadows to embrace renewed authenticity. 

Here, art is no longer external; it becomes a catalyst for expansion where presence to being extends like a wave, linking the macrocosm of the soul to the cultural microcosm, and where each gaze in the mirror is a psychic rebirth, a step toward a more integrated and vibrant humanity. 

These « Egoportraits » are exceptional works of art, collector’s pieces that transcend time and cultures, inviting possession not material, but spiritual, a treasure that every art-carved humanity lover aspires to integrate into their personal universe, to draw inspiration and daily joy from it.

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