Il y a quelques années de cela je publiais mes texte sur le site de notre cher média collaboratif qu’était Quartier Hochelaga qui a dû fermer ses portes au mois de juin 2019.

Précédemment j’avais réalisé la sculpture monumentale intitulé Pourquoi Naître ? que les autorités municipales de mon quartier refusaient de voir sur le domaine public. Contrairement à ce que sa désignation de domaine public laisse croire, son usage est un privilège régalien. (L’utilisation du domaine public à des fins autres que ce qui est prévu normalement est un privilège accompagné de responsabilités et non un droit. dixit Ville de Montréal). Son usage n’est pas de l’autorité du citoyen ou d’un groupe de citoyens si cet usage ou son occupation n’est pas autorisé expressément par une autorité politique (régalienne : qui règne). 

Advenant que la société accepte d’évoluer dans un esprit de progrès social et adopte des manières de s’organiser autres que les manières hérités des archaïsmes, impérialistes, royaux et aristocratiques du passé, il serait en toute modernité bienvenue que le domaine public devienne vraiment public et démocratique. 

J’ai alors imaginé le concept de citoyen culturel comme le souhaiteraient les citoyens qui pourrait être intégré à la loi sur le patrimoine en tant qu’équivalent à personne morale en droit des affaires.

Un citoyen culturel serait une oeuvre d’art ayant droit à un lieu de résidence et à des soins matériels en vue d’une permanence qui éviterait les psychodrames comme celui entourant l’oeuvre de Pellan à Granby au printemps 2021.

LE CITOYEN CULTUREL

 Lorsque les Occidentaux sont arrivés en terre d’Amérique, ils y ont trouvé les autochtones qui y étaient déjà depuis quinze mille ans. Durant quinze mille ans ces chasseurs-cueilleurs comme nous, autochtones par ailleurs, ont tout bonnement poursuivi avec succès, pour eux et leur environnement, leur évolution naturelle. Ce tout bonnement, est en anthropologie (Edward T. Hall) une société à haute complexité sociale horizontale de type polychrone. Un monde dans lequel chacun est plus ou moins d’égale importance.

Je suis d’Hochelaga-Maisonneuve. Ce quartier est mon « tout bonnement ».

L’année dernière j’ai voulu voir si la pulsion de constructeur du monde concret d’un quartier ouvrier, pouvait au XXIe siècle se muer en capacité de construire matériellement le monde culturel par l’art.

J’ai proposé aux forces vives du quartier, à des citoyens d’Hochelaga-Maisonneuve, de collaborer spontanément avec moi, ouvrier artiste du quartier, à la création d’une œuvre monumentale d’art public (mon prochain texte).

Cette sculpture de plus d’une tonne et demie d’acier et dix tonnes de sens a été présentée la première fois le 1er octobre dernier à la Maison de la culture Maisonneuve.

Comme l’odeur du parfum qui ne peut être odeur sans le liquide. Sans la chimie des molécules odorantes, depuis Freud, la psychologie est devenue bio psychologie. Ce qui a fait l’organe à penser se voit à son identité et à sa psychologie

Il en est de même pour l’identité de tous et pour le sens de l’art. L’un comme l’autre est d’abord organisme vivant portant du sens ou objet portant du sens. Tout simplement parce que le deuxième est expression du premier, il est une sorte de «doppleganger», un double porteur de sens humain.

En société la part des émotions, de l’inconscient (affects en psychologie) et bien d’autres parts de l’humain en sont réduits à s’exprimer à travers le dominant et verbeux cerveau gauche. (https://vimeo.com/31780637 en anglais, désolé). Il y a près de trois mille sept cent cinquante ans, Hammourabi a fait inscrire deux cent quatre-vingt-neuf édits dans le basalte.

Le Code d’Hammurabi, roi de Babylone fut en usage durant mille ans. Tous devaient se comporter et agir comme Hammurabi l’avait déclaré. Une recette qui ayant eu beaucoup de succès est toujours en usage dans toutes les sociétés à contexte social pauvre. Ce qui est le propre des sociétés à organisation verticale pyramidales monochrones (Edward T.Hall, le langage silencieux. / Au-delà de la culture). Notre premier ministre même ne nous a il pas, il y a peu de temps reproché à tous de manquer de maturité parce que Québécois polychrones, nous ne respectons pas en toutes occasions les diktats du manichéen cerveau gauche ?

La manière logico-mathématique du cerveau gauche où siège la circonvolution de Broca (https://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_de_Broca) et l’aire de Wernicke (https://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_de_Wernicke) principaux organes locuteurs ne suffit pas à l’art. L’art a d’autres manières de vivre, d’autres moyens d’expression.

Les principaux outils de l’art sont l’inconscient (Allan N. Schore, La régulation affective et la réparation du soi) et les émotions (Antonio Damasio, Self Comes to Mind: Constructing the Conscious Brain). L’art et la poésie sont essentiels pour que notre présence à nous-mêmes, au monde et notre rapport à la société soient entier.

Au XVIIe siècle Rembrandt a peint près de quatre-vingts autoportraits qu’on dit clairs obscurs. Clair-obscur n’est que style et manière. Ces autoportraits n’étaient pas que narcissisme. Ils étaient surtout représentation de ce que l’artiste et son monde ne comprenaient pas de la nature humaine qui n’est pas qu’apparences. Ce qui pour tous à cette époque était dans l’ombre.

L’art n’a pas cessé de fouiller l’ombre pour en extraire le sens et y apporter l’éclairage qui nous est à tous essentiel. Van Gogh a-t-il été ignoré à son époque parce qu’il a osé aller plus profondément dans l’ombre ? Par conséquent, faire de l’art sur commande en suivant une théorie du cerveau gauche ou l’autre, est-il vraiment de l’art ?

 

Comme Quasimodo à la cathédrale Notre-Dame, le 1er décembre 2015, un nouveau citoyen culturel avait trouvé sa place sur le terrain donnant sur la rue Ontario à la droite (?) de l’église de la Nativité de la Sainte Vierge. Le 1er mai 2018, il a dû être déplacé devant l’atelier de Bourjoi, l’artiste qui l’a conçue, sur la rue de Rouville au sud-ouest du quartier ouvrier Hochelaga.

Ce citoyen culturel se reconnaît à la poésie qu’il porte. Il est tout bonnement, du moins nous le souhaitons, expression de ce qui a fait du quartier Hochelaga-Maisonneuve ce qu’il est.

Pourquoi naître? devant l'atelier
Pourquoi naître? devant l’atelier de la rue de Rouville.

©2024 Leopol Bourjoi bourjoi.com

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