Le citoyen culturel.

Lorsque les Occidentaux sont arrivés en terre d’Amérique, ils y ont trouvé les autochtones qui y étaient déjà depuis quinze mille ans. Durant quinze mille ans ces chasseurs-cueilleurs comme nous, autochtones par ailleurs, ont tout bonnement poursuivi avec succès, pour eux et leur environnement, leur évolution naturelle.

Ce tout bonnement, est en anthropologie (Edward T. Hall) une société à haute complexité sociale horizontale de type polychrone. Un monde dans lequel chacun est plus ou moins d’égale importance.

 Je suis d’Hochelaga-Maisonneuve. Ce quartier est mon « tout bonnement ».

En 2015 j’ai voulu voir si la pulsion de constructeur du monde concret d’un quartier ouvrier, pouvait au XXIe siècle se muer en capacité de construire matériellement le monde culturel par l’art.

J’ai proposé aux forces vives du quartier, à des citoyens d’Hochelaga-Maisonneuve, de collaborer spontanément avec moi, ouvrier artiste du quartier, à la création d’une œuvre monumentale d’art public. 

Cette sculpture de plus d’une tonne et demie d’acier et dix tonnes de sens a été présentée la première fois le 1er octobre 2015 à la Maison de la culture Maisonneuve.

Comme l’odeur du parfum qui ne peut être odeur sans le liquide. Sans la chimie des molécules odorantes, depuis Freud, la psychologie est devenue bio psychologie. Ce qui a fait l’organe à penser se voit à son identité et à sa psychologie.

Il en est de même pour l’identité de tous et pour le sens de l’art. L’un comme l’autre est d’abord organisme vivant portant du sens ou objet portant du sens. Tout simplement parce que le deuxième est expression du premier, il est une sorte de «doppleganger», un double porteur de sens humain.

En société la part des émotions, de l’inconscient (affects en psychologie) et bien d’autres parts de l’humain en sont réduits à s’exprimer à travers le dominant et verbeux cerveau gauche. (https://vimeo.com/31780637 en anglais, désolé).  Il y a près de trois mille sept cent cinquante ans, Hammourabi a fait inscrire deux cent quatre-vingt-neuf édits dans le basalte. 

Le Code d’Hammurabi, roi de Babylone fut en usage durant mille ans. Tous devaient se comporter et agir comme Hammurabi l’avait déclaré. Une recette qui ayant eu beaucoup de succès est toujours en usage dans toutes les sociétés à contexte social pauvre. Ce qui est le propre des sociétés à organisation verticale pyramidales monochrones (Edward T.Hall, le langage silencieux. / Au-delà de la culture). Notre premier ministre même, il y a quelques années, ne nous a il pas reproché à tous de manquer de maturité parce que Québécois polychrones, nous ne respectons pas en toutes occasions les diktats du cerveau gauche ?

La manière logico-mathématique du cerveau gauche où siège la circonvolution de Broca (https://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_de_Broca) et l’aire de Wernicke (https://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_de_Wernicke) principaux organes locuteurs ne suffit pas à l’art.

L’art a d’autres manières de vivre, d’autres moyens d’expression.

Les principaux outils de l’art sont l’inconscient (Allan S. Schore, La régulation affective et la réparation du soi) et les émotions (Antonio Damasio, Self Comes to Mind: Constructing the Conscious Brain). L’art et la poésie sont essentiels pour que notre présence à nous-mêmes, au monde et notre rapport à la société soient entier.

Au XVIIe siècle Rembrandt a peint près de quatre-vingts autoportraits qu’on dit clairs obscurs. Clair-obscur n’est que style et manière. Ces autoportraits n’étaient pas que narcissisme. Ils étaient surtout représentation de ce que l’artiste et son monde ne comprenaient pas de la nature humaine qui n’est pas qu’apparences. Ce qui pour tous à cette époque était dans l’ombre.

L’art n’a jamais cessé de fouiller l’ombre pour en extraire le sens et y apporter l’éclairage qui nous est à tous essentiel afin de mieux saisir ce qu’il en est d’être humain. Van Gogh a-t-il été ignoré à son époque parce qu’il a osé aller plus profondément dans l’ombre ? Par conséquent, faire de l’art sur commande en suivant une théorie du cerveau gauche ou l’autre, est-il vraiment de l’art ?

Le 1er décembre 2015, un nouveau citoyen culturel a trouvé sa place sur le terrain donnant sur la rue Ontario à la droite (?)  de l’église de la Nativité de la Sainte Vierge. Les événements ont conduit ce citoyen culturel, la sculpture intitulé Pourquoi naître sur la rue de Rouville, devant l’atelier de l’artiste au 3230 rue de Rouville. Ce citoyen culturel se reconnaît à la poésie qu’il porte. Il est tout bonnement, du moins je l’espère, expression de ce qui a fait du quartier Hochelaga-Maisonneuve ce qu’il est. 

©2024 Leopol Bourjoi bourjoi.com

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