Suite à un commentaire qu’il avait fait auquel j’ai réagi (mon commentaire est à lire à la fin de ce texte), il y a quelques jours monsieur Béland, un homme qui mérite toute notre estime, a écrit ce qui suit sur Facebook :

OÙ EST VOTRE ESPOIR ? IL NE SUFFIT PAS DE SOULIGNER L’ANIMALITÉ DE L’HOMME – LE GÉNIE HUMAIN PEUT-IL TROUVER LA SOLUTION AU VIVRE ENSEMBLE COMME LES GRANDES CHARTES DES DOITS HUMAINS LE PROPOSE?

J’ai pour monsieur Béland poursuivi la réflexion.

Bonjour monsieur Béland. Mon espoir ? Dans 1000 ans, peut-être … ;-)) Une boutade. Désolé.

Dans son ouvrage intitulé Cognitive justice in a global world, Boaventura de Santos écrit qu’il ne devrait plus y avoir de séparation entre les sciences de la nature et sciences humaines. La nature est également en l’homme. L’homme serait ainsi, malgré lui, auteur et acteur, également malgré lui.

La science n’est plus science neutre. Elle est devenue comme tout le reste affaire de statut social. Voir nombre de Dunbar (149) que d’autres anthropologues ont précisé pour être entre 200 et 300. Ce que nous croyons être une grande capacité cérébrale n’est en fait qu’une très grande capacité à socialiser. Nous apprenons à lire, écrire, compter, jouer du piano que parce que cela sert socialement. Sans cesse nous cherchons à nous positionner socialement. Lorsque cela ne nous vient pas naturellement, cela nous est tout simplement imposé par les élites, par le pouvoir de quelques-uns, par les médias ou plus prosaïquement par la rumeur.

Ce que nous croyons génie humain n’est que capacité d’adaptation à un milieu naturel qui change peu au fil des générations. Ce que nous croyons inventivité n’est que détournement de cette adaptabilité afin d’assurer sa survie dans un milieu humain (social). Il n’y a de Gandhi ou Mandela ou Einstein que lorsque l’art, la science, l’empathie fait vivre l’individu en soi.

Nous ne pouvons séparer l’homme de son animalité. Depuis qu’il y a uniformisation de la multitude anonyme sous un seul système, nous ne nous adaptons plus à l’environnement naturel. Nous le transformons et le détruisons. Nous ne pouvons longtemps nous adapter ainsi seulement à nous-mêmes, cela revient à tourner en boucle Ying Yang sur soi-même. 21 civilisations connues se sont effondrées d’épuisement avant la nôtre. Je ne crois pas que nous nous en sortirons.

Il n’y a que les Anasazis qui aient détecté les signes avant-coureurs de leur épuisement social. Ils ont par deux fois sabordé leur civilisation avant qu’il soit trop tard.

En Océanie les habitants de l’île de Pâques n’ont pas su arrêter. Je crois que nous sommes sur la même voie. Ils érigeaient des phallus à faciès humains et nous construisons des gratte-ciels de plus en plus hauts sans pourtant savoir repousser les déserts à raz du sol que nous produisons comme les habitants de l’île de Pâques n’ont pas su éviter la déforestation de leur île.

Gandhi disait qu’une société équilibrée était comme autant de ronds dans l’eau ayant autant de centres que de ronds. Edward T. Hall disait qu’il y avait deux sortes de sociétés. PolychroNe et MonochroNe. Les sociétés amérindiennes et autochtones seraient des sociétés horizontales à contexte social (échanges d’importance sociale entre individus) «riches» alors que les sociétés monochroNes (la société anglo-saxonne en est un exemple patent) seraient à contexte social «pauvre» puisque les seules valeurs sociales seraient le statut et la richesse verticale. Finalement ce qu’on nous a enseigné (obligé) à admirer le plus, les personnages comme César, Alexandre Legrand, Gengis Khan, etc., ont surtout provoqué la perte de notre capacité à nous adapter correctement à l’environnement naturel en exigeant que nous poursuivions leurs seuls projets «grandioses». Cela n’est en psychologie que symptôme d’une personnalité anormalement narcissique.

La solution au vivre ensemble ne peut être unique, globale et uniquement faite d’énoncés pieux.

Pour cela lire The body has a head par Gustav Eckstein qui en 800 pages bien tassées explique que le cerveau est un organe comme un autre qui lorsque nous croyons pense en fait pense à vivre. Il serait donc toujours intéressé (opportuniste) et ne penserait que ce qui fait son affaire.

Pour cela, lire Thinking, fast and slow par Daniel Kahneman.

Margaret Mead, anthropologue disait qu’il y avait une question d’enculturation (mise en culture) entre individus d’un groupe restreint (tribu). Ehrlich dans son livre intitulé Human nature(s) explique que l’espèce humaine est une seule espèce dont les variations ne peuvent être que culturelles. On sait que la diversité des espèces est un des mécanismes les plus importants pour le biotope. Dans son ouvrage intitulé Le gène égoïste publié en 1976, Richard Dawkins a inventé le terme mÈme culturel qui serait comme l’atome pour la matière, le plus petit élément composant la culture. Certains chercheurs croient que la pensée que nous qualifions d’humaine ne serait que cumul de mèmes qui deviennent eux-mêmes agents de pensée. Nous ne pensons que ce que nous savons penser. Aucune intelligence, quelle que soit son ampleur ne peut penser ce qu’elle ne sait pas ou n’a jamais pensé.

Kutzwell prétend que la pensée humaine serait tout simplement reconnaissance de «patterns». 100 000 000 (300 000 000 en redondance) dans notre cas. Suffit de les choisir pour obtenir la pensée qu’on veut. La conscience humaine n’est pas intellectuelle. Les capacités cognitives n’en sont que la lente et énergivore délibération apparente (Kahneman). La conscience en fait est biologique. Elle est conscience vivante. Voir cette vidéo de Damasio, psychologue :

https://www.ted.com/talks/antonio_damasio_the_quest_to_understand_consciousness?language=en

Allan N. Schore sommité en BIO-psychologie dans son ouvrage intitulé La régulation affective et la réparation du soi explique très bien comment malgré l’usage global de nos capacités cérébrales ce n’est que l’hémisphère gauche qui prend le contrôle de l’ensemble. Ce que Iain McGilchrist explique clairement de manière magistrale dans cette vidéo :

https://www.ted.com/talks/iain_mcgilchrist_the_divided_brain

Ce qu’il y a à comprendre n’est pas la dualité animal et animal humain. Ce qui est à comprendre est le pourquoi l’animal qui marche debout croit nécessaire de devenir humain alors qu’il a évolué sans cela durant 6 à 7 millions d’années.

Puisqu’il a évolué avec succès durant le temps long sans toit, sans foi ni loi, comment se fait-il qu’il n’arrive plus à évoluer dans le temps court alors qu’il a tout cela ; un toit, la foi et une pléthore de lois ?

Comment se fait-il qu’il gâche tout ce qu’il touche en croyant bien faire ? Pourquoi tient-il tant à tout transformer en or même la guerre ? Une forme d’aliénation ?

Où est le problème ? Sûrement dans le mépris et l’ignorance de notre nature naturelle que nous rejetons en la qualifiant tout bonnement d’animalité alors que c’est cette animalité qui génétiquement a su évoluer alors que notre humanité n’est qu’une innovation récente immature et maladroite, surtout contextuelle. Une réponse à la pression sociale provenant de l’urbanité de la multitude anonyme. Fallait bien une entité intrapsychique pour négocier avec d’innombrables entités intrapsychiques puisque les instincts seuls ne suffisent pas. Voir le Destin psychique de l’enfant par François Dumesnil.

Effectivement il ne suffit pas de souligner l’animalité. Il faut en reconnaître la réalité et agir en connaissance de cause.

Cesser de vouloir mettre sur pied des empires qui ne correspondent en rien à notre nature et surtout qui ignorent que nous devons poursuivre tout bonnement l’évolution biologique en évitant de croire que l’égo de quelques-uns est le but ultime de l’évolution.

Accepter l’idée que nous ne savons pas être multitude anonyme. Nous ne savons pas faire usage de richesses illimitées et surtout pas d’un pouvoir individuel qui ne serait pas le pouvoir biologique comme il a évolué et continue d’évoluer.

Notre connaissance de la nature humaine au cours des quarante dernières années s’est beaucoup raffinée. Elle est moins une question de rumeur sociale qu’on se transmet de bouche à oreille. Surtout elle ne correspond pas du tout à ce que la vanité nous a portés à croire.

Dès qu’un homme se croit plus que ce que nous devenons depuis des millions d’années, nous sommes dans le trouble. Dès qu’un groupe d’homme croit qu’ils sont ensemble destinés à faire mieux que tous les autres mis ensemble, nous sommes dans le trouble.

Il est temps que nous ayons un centre d’étude qui ait pour fonction de l’explorer et en faire la promotion. Le travail sera long et plein d’embûches.

Lorsqu’un seul individu anthropologiquement, génétiquement, psychiquement normalement constitué par l’évolution pour d’autres objectifs a la permission d’accumuler entre ses seules petites mains le pouvoir de millions d’humains, la richesse de millions d’humains, devenir biologiquement raisonnable est presque insurmontable. Lorsqu’ils sont quelques centaines, insurmontable. Nous ne pourrons éviter l’effondrement de la 22e civilisation qui assurément se désagrégera épuisé par la poursuite de rêves «grandioses» pour l’accomplissement desquels nous n’avons pas évolué durant des milliers de générations.

Pensez seulement aux voyages vers la planète . Certains esprits enfiévrés espèrent coloniser cette planète après en avoir effectué sa terraformation ou biosphérisation au lieu de faire le travail de terraformation ici sur terre qui en a un grand besoin. Il n’y a que 13% de la surface du globe qui soit couverte de terre arabe. Ne croyez-vous pas que dessaler l’eau de mer, repousser les déserts et réhabiliter la vie de la faune et la flore n’occuperaient pas l’ensemble de l’humanité pour un bon bout de temps ?

Comme le moyen-âge a fait. Nous devons préparer le terrain.

 

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Ce n’est pas une question de mémoire ou de division. Ce n’est que l’humanité, l’hominidé n’a pas évolué pour devenir multitude anonyme. Nous ne sommes pas génétiquement et anthropologiquement habilité à cela. Depuis 6 ou 7 millions d’années, nous avons évolué «en petits groupes (autour de 200 individus)» pour nous adapter de mieux en mieux d’une génération à l’autre, naturellement ( biologiquement) à l’environnement naturel local qui lorsqu’il n’y avait pas de catastrophes comme les volcans changeait peu. Cela donnait le temps de s’ajuster et développer une culture, un système social équilibré. Depuis 4 ou 5 mille ans des têtes brûlées comme Alexandre LeGrand, César, Napoléon. Ça ne manque pas. Chaque génération en produit quelques-uns, croit nécessaire d’imposer au plus grand nombre possible ce qui en fait n’aurait dû être destiné qu’à leur petit groupe anthropologique naturel. S’ils ne sont pas d’essence divine ou sortie de la cuisse de Jupiter, que sont-ils si ce n’est simplement des hominidés devant s’adapter individuellement à l’environnement naturel proche comme chacun d’entre nous? L’humanité devrait être occupée à poursuivre son adaptation naturelle à l’environnement naturel plutôt qu’occupé à sortir des pièges posés par les ambitions, l’égocentrisme et les projets de quelques-uns. Nous avons évolué pour nous adapter à de multiples environnements naturels de nombreuses manières en développant un nombre varié de cultures, pas pour nous plier aux projets de quelques individus comme nous qui eux croient pathologiquement normal de se croire meilleurs que tous mis ensemble et refusent eux de s’adapter à l’environnement naturel. Bref 21 (grandes (?)) civilisations connues se sont désagrégées avant la nôtre pour avoir suivi l’arrogance de quelques individus qui se croyaient extraordinaires.

©2024 Leopol Bourjoi bourjoi.com

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