L’être humain est d’abord et avant tout un organisme vivant comme tous les autres.

Il est hominidé comme le chat est félin et le chien canin, le résultat ordinaire de l’évolution de tout ce qui vit depuis des centaines de millions d’années.

Depuis le début de l’industrialisation, notre espèce qui ne représente que 0,01% des organismes vivants a détruit 85% de tous les organismes vivants, plutôt que participer au grand œuvre de la vie comme le font tous les autres organismes vivants autant par leur vie que par leur mort.

Aucun humain dans cette affaire ne peut prétendre à l’innocence.

Nous sommes tous complices lorsque nous prétendons que ce n’est pas notre affaire. 

Puisque la destruction du grand œuvre que la vie a amorcé il y a 3,8 milliards d’années et maintenu malgré 5 extinctions massives  est menacée par notre inconscience cupide autant que les dinosaures l’ont été par la météorite du Yucatan le, ce n’est pas moi, c’est l’autre, ne suffit plus.

Nous devons tous reconnaître l’urgence d’agir de la manière que la vie par l’entremise de la nature le souhaite de chacun des organismes qu’elle produit.

En fait d’environnement, dont on ne se préoccupe que partiellement depuis quelque temps, il n’y a que 13 % de la surface de la Terre qui est couverte d’une mince couche de terre arable d’à peine quelques centimètres d’épaisseur et guère plus d’un mètre en de très rares endroits. 

Lorsqu’on sait que l’épaisseur de l’atmosphère terrestre représente l’équivalent de deux couches de vernis appliquées sur une grosse boule de quilles, quelques centimètres de terre arable sur une planète de 12 742 kilomètres de diamètre apparaissent extraordinairement minces. Assez mince, il me semble, pour y faire attention comme à la prunelle de nos yeux. Si extraordinairement  fondamentale que nous devrions y avancer sur la petite pointe des pieds.

Lorsque la vie a commencé sur Terre il y a 3,8 milliards d’années, la nature comme nous l’expérimentons maintenant n’existait pas, la terre arable non plus. C’est la vie qui, par son incessante et laborieuse action, par sa substance vivante et par sa mort au fil de plus de trois milliards d’années de cumul, qui est devenue terre fertile et l’épiphénomène majeur qu’on nomme nature, constitué de tout ce qui vit associé aux phénomènes atmosphériques et telluriques. 

Nous ne devrions pas distinguer la nature de la vie qui a évolué en milliards d’organismes vivants qui œuvrent à agrandir le territoire viable sur la lithosphère, l’astre tellurique qu’est la planète faussement appelée Terre. Puisqu’il y a si peu de terre sur la Terre.

Nous devrions nous presser d’accompagner tout ce qui vit dans l’extension du territoire propice à la vie sur Terre comme nous avions modestement, en toute humilité d’être, commencé à le faire au néolithique.

Séparer la vie de la nature qu’elle est devenue est plus absurde que séparer la poule de l’œuf de la poule. 

À l’évidence, il n’y a pas de Gaïa bienveillante. La science, quelle qu’elle soit ne saurait la dénicher.

Comment, alors, ne pas plutôt désigner ce phénomène étendant son action sur des millions d’années par le terme de vie/nature? En fait, ce qu’on nomme environnement constitue  globalement le corps palpitant de diversité qu’est devenue la vie.

Le charbon qu’on trouve au fond des mines n’est pas d’origine minérale.

Sans la vie, il n’y aurait pas de charbon. Le charbon est constitué de la substance venant des forêts denses de fougères de l’ère carbonifère exposées aux forces telluriques de l’écorce terrestre, minérale, à la suite de trois cents millions d’années de macération.

Nous avons extrait du sol la presque totalité du charbon noir. Il ne reste à extraire du sol que du charbon brun dégageant moins d’énergie calorique. 

Brûler le bois des forêts plutôt que du charbon en croyant ainsi faire un bon calcul environnemental est une aberration sans nom. 

De plus, récolter le bois qui ne pousse que sur un territoire réduit, comme celui de la province de Québec par exemple, pour fournir les marchés du reste de l’Amérique du Nord et de l’Europe comme le souhaitent quelques Crésus est profondément lamentable. Cela ne serait pas très différent de ce qui se passe avec l’huile de palme qui provoque la destruction de larges pans de l’environnement d’un territoire naturel évidemment restreint comparé à l’appétit incommensurable d’un marché globalisé. 

Le biocarburant n’est pas mieux et ramasser la biomasse des forêts revient à priver la forêt de ce qui constitue sa vie, ce qui la fait vivre. 

En faire du carburant revient à sauter de la poêle directement dans le feu. 

Sera elle engloutie jusqu’à la dernière miette?

Quelles que soient les prétentions de quelques esprits humains enfiévrés par une cupidité sans bornes, aucun humain ne peut se servir de la forêt uniquement pour la transformer en papier-monnaie sans détruire ce que la forêt a appris et réussi à mener à bien au cours de centaines de millions d’années. 

Il n’y a qu’en contribuant à ce que la nature fait depuis des centaines de millions d’années à la manière de la nature que nous saurons bénéficier d’un avenir plein de vie.

Sinon, la prochaine civilisation – s’il y en a une – et qui ne sera sûrement pas du type hominidé, devra attendre plusieurs millions d’années avant d’accéder à ce qui a été à l’origine de notre première révolution industrielle.

Ce n’est pas très différent pour le pétrole.

Il est composé de masses de plancton et de microalgues macérées par les forces telluriques de l’écorce terrestre durant cinquante à quatre cents millions d’années.

Lorsque nous l’aurons inévitablement épuisé dans quelques courtes décennies, cela représentera une très longue attente avant que la prochaine civilisation humaine accède à de l’énergie abondante et facile à convertir en travail machine.

Il y a eu plus de 32 variétés d’hominidés avant le chasseur-cueilleur. Le Néandertalien était un de ceux-là. Qu’avons-nous de plus qu’eux à part notre capacité à nous raconter des histoires glorieuses et porter nous-mêmes à notre tête, comme Napoléon, la couronne du Sapiens ?

Tous les mammifères sont dotés de la protéine FOXP2 qui est à l’origine de la parole. Elle n’apparaît qu’à quatre ou cinq occurrences au sein de certains génomes, dont ceux des mammifères, ce qui leur permet d’émettre des sons modulés et de comprendre ces modulations. 

La prosodie du langage humain en est un exemple. Cette protéine s’étend jusqu’à vingt-cinq occurrences  le long du code génétique de l’hominidé. 

L’hominidé a évolué naturellement dans des groupes sociaux composés de tribus familiales d’une moyenne de quatre-vingts individus.

Cette évolution dans un milieu social millénaire aurait graduellement provoqué les transformations venant du FOXP2 formant en partie les poumons, la morphologie de la région laryngale du bipède, son innervation ainsi que la partie gauche de son cerveau. Dans le cerveau devant l’oreille gauche, on retrouve la circonvolution de Broca, modulant la parole, et derrière l’oreille gauche se trouve l’aire de Wernicke, à l’origine de la grammaire et de la syntaxe.  

En sociétés civilisées d’une extrême complexité, le locuteur est graduellement devenu double psychique de soi. Le représentant de chacun devant tous pour soi. L’être transactionnel, créateur de narrations, de romans et de manières de vivre avec soi et presque tous les autres.

Qu’y a-t-il de plus que la vie qui ne veut que vivre laborieusement depuis 3,8 milliards d’années en toute diversité?

Étant uniquement un organisme vivant comme tous les autres, l’hominidé n’est probablement que du type Homo habilis, peut-être philosophiquement, à la rigueur, Homo faber, puisqu’il n’est locuteur que parce que doté de la parole, et non pas le déifié Homo sapiens, comme il aime le croire.

Cela est également une excellente raison de ne pas nous croire au-dessus de tout ce qui vit.

Nous avons évidemment évolué naturellement en suivant tout bonnement les lois de la vie devenue nature au fil du temps. Dotés de parole et parqués en multitudes innombrables dans les cités, coupés de la nature, au cœur du magma tribal, le nombre aidant, nous nous sommes inventé des narrations entre nous qui ne sont finalement que des dérives narcissiquement aliénantes de notre nature naturelle et de notre évolution au coeur du complexe vie/nature, s’avérant tous les jours un peu plus délétères. 

En matière d’environnement, la Terre n’est fertile que par ce qui pousse dessus et dedans. Elle n’est fertile que par ce qui y fouille et y fouisse, tout ce qui, végétal ou animal, vit dessus ou dedans et y meurt. 

La Terre n’est pas une éponge qu’on peut presser en la vidant de ce qu’elle contient en ne laissant derrière que la matière inerte et stérile comme était l’astre tellurique avant la vie. 

La terre arable est la substance même du vivant et on ne peut distinguer ce qui la constitue de ce qui la produit. 

Vous ne pouvez agresser l’un sans agresser l’autre, condamner ce qui vit à mourir, comme certains agents de la cupidité chimique font au blé, sans détruire les manifestations de ce qui vit.

Lorsque le blé meurt avant d’avoir refermé son cycle naturel, c’est la vie elle-même qui est oblitérée. 

Aucune exploitation s’opérant sans considération envers l’ensemble du phénomène vivant ne peut fonctionner à moyen terme qui, au regard des temps géologiques, n’est que très court terme. 

Il n’y a que le commensalisme, ou même mieux, la symbiose mutualiste pratiquée par la nature depuis près de 600 000 000 d’années qui soient viables à long terme. 

Nous ne pouvons tuer ce qui fait vivre la Terre sans tuer la Terre elle-même. 

Cela n’est pour une très large part qu’un méta génocide et pour une petite part, puisque notre espèce ne représente qu’un tout petit pourcentage de tout ce qui vit sur notre caillou cosmique, un suicide collectif.

Les lacs, les ruisseaux, les rivières, les fleuves, les mers et les océans ne sont en vie que par la présence et l’action de tout ce qui vit dedans, ce ne sont pas de simples réservoirs qu’on peut siphonner jusqu’à ce que la dernière goutte de liquide soit stérilisée.

Il ne faut pas en douter, si nous ne le comprenons pas rapidement, nous perdrons l’œuf et la poule que sont la vie et la nature. Ce qui nous a fait et ce que nous sommes en tant qu’organismes véritablement vivants

©2024 Leopol Bourjoi bourjoi.com

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